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Maghreb

« L’Algérie doit négocier sa réinsertion dans la mondialisation »- Sammy Oussedik sur RadioM (audio)

Par Yazid Ferhat
13 janvier 2015


Sammy Oussedik, banquier d’affaires et fondateur du think tank Ptolemy, a estimé ce mardi sur le plateau de Radio M que « le Système », ou ce qu’il appelle « la matrice, tient toujours tout en Algérie grâce à la rente » et s’il y a des soubresauts, a-t-il souligné, ils n’aboutissent pas. Il y manque toujours une formulation politique aux revendications, selon lui.

Dans un entretien accordé à Radio M, Sammy Oussedik, fondateur des think tank Ptolemy et CARE (Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise) et rédacteur de Reset Algeria –une réflexion sur le modèle algérien de développement–, explique que des soubresauts comme le mouvement contre le gaz de schiste à In Salah n’aboutissent pas en Algérie car, les revendications qu’ils portent n’ont pas de traduction politique. « Puisque la revendication n’a pas de traduction politique, on va considérer que c’est le problème des gens de là-bas. Et cela ne fait pas sens politiquement. Il faut le coaguler par une formulation politique pour qu’il ait un effet de levier », a-t-il indiqué.
La réflexion de Sammy Oussedik qui évoque des perspectives de l’économie algérienne se veut, selon lui, une note méthodologique pour refonder la maison Algérie plutôt qu’une compilation de mesures ou des solutions. Il y revalorise la valeur du travail : « Si vous ne mettez pas au centre de votre programme la valeur travail, vous n’arrivez à rien. L’Algérie est un pays qui s’est construit économiquement et politiquement sur la rente. Or, la valeur travail c’est l’antinomie de la rente. Cette rente est l’inverse du travail. Il faut se réapproprier cela avant d’affronter l’avenir et nous devons commencer dès maintenant ce travail de longue haleine ». Il a souligné que « les populations sont anesthésiées par la distribution de la rente ». Quant à la chute des prix du baril du pétrole et des solutions à apporter pour redresser la situation économique, Sammy Oussedik estime que « c’est une contrainte qui s’ajoute aux politiques pour changer la donne ». « Il ne s’agit pas de faire table rase. L’expérience si vous ne l’accumulez pas, elle ne sert à rien. Vous allez reproduire les erreurs. C’est un processus d’accumulation fort de ce passé qu’il faut. Nous devons construire à partir de solutions différentes », a-t-il déclaré.

« Il y a des foyers de résistance dans chaque étage de l’administration »

Dans ce contexte, Sammy Oussedik a énuméré quelques mesures à prendre pour affronter l’avenir comme la révision du mode de financement de l’économie. « Nous devons négocier notre réinsertion dans la mondialisation. Il faut le faire en montant des pôles d’excellence. Il faut aussi revoir le mode d’allocation de crédits. Il y a une cartellisation du marché bancaire, les opérateurs sont les mêmes. Il faut rouvrir le marché. La banque d’Algérie a arrêté de donner des agréments depuis maintenant dix ans. Pourquoi », s’est interrogé. Et de poursuivre : « Ce n’est pas lié à l’affaire Khalifa. Au moment où je vous parle, il y a dix dossiers dans un tiroir de la banque d’Algérie. Aucune réponse. Pourtant la réglementation vous autorise à activer si vous n’avez pas de réponse dans trois mois. C’est dommageable pour l’État de ne pas se conformer à sa réglementation ». Il a expliqué ce blocage par une attitude bureaucratique. « Il y a une Algérie formelle et une Algérie informelle. La première s’exprime quand vous allez dans un bureau demander quelque chose. On vous sort une pile de textes qui se contredisent pour vous dire que vous ne pouvez pas faire cela. La seconde, elle, s’exprime si vous connaissez un X ou un Y. Vous aurez ainsi accès à tout ou presque », a-t-il schématisé.
Sammy Oussedik a regretté le fait que l’Algérie tourne le dos aux financements étrangers. « Croyez-vous que nous sommes assez riches pour tourner le dos aux investisseurs étrangers ? Savez-vous combien de prêts à taux bonifié pouvons-nous avoir de chez les européens ? Nos voisins se sont arrangés pour en capter le maximum. Certes, nous sommes traumatisés par l’endettement mais, je ne parle pas d’endettement gouvernemental en tant que tel. Mais, nous pouvons avoir des prêts pour certains projets structurants. Nous ne pouvons pas être dans un mouvement bohémien : tout fermer ou tout ouvrir. L’intelligence c’est de trouver le juste milieu », a-t-il suggéré. De même qu’il a regretté la diabolisation de la Bourse. « Nous avons diabolisé la bourse, disons que c’est l’archétype du modèle capitaliste financier. Sauf que c’est instrument incomparable pour générer des investissements sans dettes et pour capter l’épargne publique. Or, cela demande de la confiance et nous devons plutôt rétablir la confiance. Prenons l’exemple de la transaction de bloc que devait effectuer Cevital pour prendre des participations dans NCA Rouïba, la COSOB avait exigé une main levée de l’État qui aurait droit de préemption sur ces actions. Dites-moi si les jus constituent un secteur stratégique pour l’État ! Je crois qu’il faut agir au niveau de ce que j’appelle l’État profond, c’est-à-dire l’administration. Car il y a des résistances à chaque étage », a-t-il conclu.

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