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L’Algérie doit se préparer à un marché gazier totalement chamboulé (contribution)

Par Oussama Nadjib
11 mai 2017

 

 

Le marché du gaz est totalement chamboulé par l’arrivée de capacités additionnelles qui vont peser lourdement sur les prix. Quelle stratégie pour l’Algérie dont les exportations de gaz représentent un tiers des recettes hydrocarbures de l’Algérie ? Le Pr Abderrahmane Mebtoul rappelle ici les données du problème sur un enjeu majeur.

 

 

Le pétrole et gaz de schiste américain ont totalement bouleversé la carte énergétique mondiale. Avec avec une réduction des couts d’exploitation de plus de 50% entre 2010/2017, les Etats-Unis sont devenus récemment exportateur avec la réalisation d ‘importants terminaux gaziers.

 Entre 2017 et 2025, l’équivalent de trois à quatre fois les capacités des unités GNL ((le GNL représente 30% de la commercialisation mondiale) de l’Algérie vont entrer en scène. Plusieurs gazoducs (70% de la commercialisation mondiale se fait actuellement par canalisation) sont en voie de réalisation.  Ils sont l’œuvre de la Russie (Sibérie –Chine), première réserve mondiale de gaz naturel).

Il faut prendre en compter l’entrée en jeu de l’Iran (2ème réservoir mondial de gaz naturel) qui veut se repositionner en Asie et en Europe.  Sans oublier le Qatar qui détient le quatrième réservoir mondial de gaz naturel).

Une offre qui s’accentue

 La Libye possède entre 1500/2000 milliards de mètres cubes gazeux à peine exploitée car elle a misé jusque-là sur le pétrole.  En Afrique de l’Est, la quantité de gaz potentiellement exploitable dans cette zone, allant du sud du Kenya au Mozambique, et englobant Madagascar et les Seychelles, est évaluée à 12.500 milliards de m3 par une étude du gouvernement américain (USGS). Avec la possibilité qu’on trouve encore davantage y compris du pétrole.

 Le plus important réside dans les gisements de méditerranée orientale évaluée à plus de 20.000 milliards de mètres cubes gazeux exploitable en cas de stabilisation de la Syrie. Le 3 avril 2017, la Commission européenne – avec trois Etats membres de l’UE, l’Italie, la Grèce, et Chypre – a paraphé un plan avec Israël prévoyant la construction d’un gazoduc allant de ce pays vers les côtes sud-européennes.

 A l’horizon 2025, le gazoduc, qui serait long de 2 200 kms, acheminerait jusqu’à 16 milliards de mètres cube par an des champs pétrolifères maritimes israéliens et chypriotes vers l’Italie et la Grèce. Le coût de l’investissement est évalué à 6 milliards d’euros et il serait financé en partie par les banques américaines Goldman Sachs et JP Morgan.

 Le Commissaire européen à l’Énergie, Miguel Arias Canete, présent lors de la signature à Tel- Aviv, ce projet vise à atténuer la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie. Et à concurrencer un autre gazoduc en cours de construction, North Stream II, qui pourrait apporter jusqu’à 55 milliards de mètres cube de gaz russe vers l’Allemagne sans transiter par l’Ukraine.

Risque de bulle gazière

 Les réserves de l’Algérie ont été évaluées lors d’un conseil des ministres de 2015 à 2700 milliards de mètres cubes gazeux et 10 milliards de barils de pétrole, selon des données publiées par l’agence APS. 

Pour notre pays, la rentabilité pour les GNL implique un prix de cession minimal de 14/15 dollars le MBTU et 8/9 dollars pour les canalisations. Les recettes en devises générées par le gaz représentent environ 33% sur les 97/% des hydrocarbures avec les dérivées.

 Quelle est la stratégie de l’Algérie alors que les contrats à long terme arrivent à expiration 2018/2019, face à ces nouvelles mutations marquées notamment par la mise sur le marché de capacités additionnelles qui surpassent fortement la demande gazière globale. Une situation qui aura pour conséquence une pression accrue sur les prix, avec le risque d’une bulle gazière

 

(*)  Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL

 ademmebtoul@gmail.com

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