M A G H R E B

E M E R G E N T

Energie

L’Algérie ne pourrait maintenir ses parts de marchés gaziers que par gazoducs (Amor Khelif)

Par Yazid Ferhat
7 mars 2016
Amor Khelif, economiste, invité de Radio M ce mardi (Ph. M. Touati)

L’expert des questions énergétiques, Amor Khelif estime que l’Etat ne pourrait compter sur ses fonds propres pour financer le programme de transition énergétique ni drainer les investisseurs étrangers dans un contexte de dépression des marchés du brut.

 

Le programme de transition énergétique de l’Algérie « ne peut se réaliser avec des prix de baril autour de 30 dollars », a estimé l’expert des questions énergétiques Amor Khelif. Hissée le 22 février dernier au rang de « priorité nationale » par le président de la république Abdelaziz Bouteflika, cette politique énergétique prévoit qu’environ 40 % de la production d’électricité destinée à la consommation nationale sera d’origine renouvelable d’ici 2030. Amor Khelif, également professeur d’économie à l’Université d’Alger, se dit sceptique quant à la réalisation de ce projet « ambitieux » dans un contexte de dépression des prix du brut. « Je ne conçois pas qu’il soit possible de développer les énergies solaires, éoliennes ou photovoltaïques sans l’augmentation des prix de pétrole », a-t-il considéré.

Le financement de ce programme de génération de 22 000 MW d’électricité d’origine propre d’ici 2030, est perçu par nombreux spécialistes comme le défi phare de cette transition énergétique. Amor Khelif estime que l’état ne peut le conclure en comptant uniquement sur ses fonds propres. Il voit également qu’il est « impossible » de faire participer les investisseurs étrangers à ce financement, bien que l’Etat ait introduit toutes les facilitations institutionnelles dans ce sens. « A mon avis il est impossible de drainer les investisseurs étrangers dans un contexte de dépression des prix du brut, étant donné que c’est ce dernier qui commande la fluctuation des prix de toutes les autres énergies », a-t-il opiné.

Le gaz se développerait dans un contexte extrêmement hostile

L’intensification de la prospection dans les ressources en gaz naturel ainsi que la défense des parts de marchés du gaz algériens ont été décidées par le président de la République Abdelaziz Bouteflika lors du dernier conseil ministériel restreint consacré à la politique énergétique. Mais pour Amor Khelif, il sera extrêmement compliqué d’augmenter la production gazière à l’heure où le prix du gaz est divisé par deux depuis 18 mois. « Les prix du gaz ont connu une chute vertigineuse. Le gaz dans les contrats à long terme se vend actuellement entre 2 et 3 dollars le Mbtu sur les marchés européens, entre 2,20 et 2, 30 le Mbtu sur le marché américain et entre 5 et 7 dollars le Mbtu sur les marchés asiatiques. Ces prix ont perdu la moitié de leur valeur depuis 18 mois. Et si ce contexte perdure, l’industrie gazière se développera dans un contexte extrêmement hostile », prévoit-il.

La concurrence du GNL russe, qatari et américain réduit la chance de l’Algérie

S’agissant de la défense des parts de marchés du gaz algériens, notamment dans les marchés européens, M. Khelif voit que l’Algérie ne pourrait effectivement compter que sur ses exportations par gazoducs via l’Espagne et l’Italie. Il exclue toutefois la possibilité d’augmentation de ces parts de marché par GNL. « Les contrats d’approvisionnement du gaz naturel à long terme résistent plus que les contrats libres, vu que les prix du gaz dans les contrats à long terme sont indexés sur les prix du pétrole. Mais ces contrats sont rediscutés y compris dans les marchés européens. Un marché où les russes qui connaissent un excédent de production de 100mds de m3 de gaz, sont également en train de défendre leurs parts de marchés en prévision de l’arrivée du GNL américain. Cette dernière sera- à mon avis- en quantités négligeables », a-t-il expliqué. Amor Khelif avance cependant que la Russie sera en rude compétition avec le Qatar et les Etats Unis dans ce marché du GNL européen, ce qui réduirait toutes les chances du GNL algérien.

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités Energie

OPEP+ : L’Algérie et 7 autres pays augmenteront leur production pétrolière en septembre 2025

Le ministre de l’Énergie et des mines a participé, ce dimanche 3 août, l’Algérie, par visioconférence, à une réunion ministérielle regroupant huit membres du groupe « OPEP+ », dans le… Lire Plus

Á la une Actualités

Visite du ministre nigérian en Algérie : un nouveau souffle pour le gazoduc transsaharien ?

Depuis le début de l’année 2025, les relations entre l’Algérie et le Nigeria connaissent un regain significatif, marqué par une volonté commune de revitaliser la coopération énergétique, notamment autour du… Lire Plus

Actualités Économie

OPEP+ : Le JMMC confirme une conformité élevée aux quotas

Le Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) de l’OPEP et de ses partenaires non membres (OPEP+) a tenu ce lundi 28 juillet 2025, par visioconférence, sa 61e réunion consacrée à… Lire Plus

Á la une Actualités

Sonatrach signe quatre protocoles d’accord avec des entreprises libyennes

Le groupe Sonatrach a annoncé aujourd’hui la signature de quatre protocoles d’accord avec plusieurs entreprises libyennes spécialisées dans divers domaines d’activité liés aux hydrocarbures. Le premier protocole concerne le domaine… Lire Plus

Actualités Energie

Sonatrach et Eni élargissent leur partenariat énergétique

Le groupe algérien Sonatrach et le géant italien de l’énergie Eni ont signé, ce mercredi à Rome, un protocole d’accord visant à approfondir leur partenariat dans les domaines des hydrocarbures,… Lire Plus