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L’Egypte commémore la chute de Moubarak sous de bien tristes auspices

Par Yacine Temlali
25 janvier 2014
Le siège de la direction de la Sûreté du Caire après l'attentat de vendredi.

6 personnes ont péri dans les attentats qui ont secoué le Caire hier et des dizaines d’autres ont été blessées. La répression des manifestations des Frères musulmans a fait, elle, une douzaine de morts. Triste bilan à la veille du 3e anniversaire de la chute d’un des pires autocrates du monde arabe.

 

 

Le 3e anniversaire de la chute de Hosni Moubarak, le 25 janvier 2011, est commémoré sous les tristes auspices d’attentats meurtriers et de poursuite de la répression sanglante des Frères musulmans. Plusieurs explosions ont secoué le Caire hier faisant six morts et des dizaines de blessés. 12 autres personnes, qui manifestaient à l’appel de la confrérie islamiste sont tombées sous les balles de la police et de ce que la presse – quasi-unanime dans son soutien au régime militaire à devanture civile – appelle des « citoyens hostiles au président déchu » (Mohamed Morsi, destitué le 3 juillet 2013 par les militaires).

L’attentat le plus meurtrier commis vendredi a visé la Direction de la sûreté du Caire devant laquelle, tôt le matin, une voiture piégée a explosé faisant 4 morts et quelque 80 blessés et endommageant plusieurs bâtiments dans les alentours, dont le Musée des arts islamiques. Une personne a été tuée dans une attaque contre un véhicule de la police dans le quartier de Doqqi, et une autre dans une explosion qui a eu lieu rue Al Haram, devant un cinéma selon certaines sources et devant un commissariat selon d’autres.

Ces attentats sont survenus le lendemain de fermes mises en garde du ministre de l’Intérieur Mohamed Ibrahim contre toute attaque visant les locaux des services de sécurité. Aucun d’eux n’a encore été revendiqué mais le gouvernement et une grande partie de la presse écrite et audio-visuelle les ont attribués aux Frères musulmans qui n’ont pas manqué de s’en disculper en réaffirmant leur volonté de « lutte pacifique » contre les « putschistes ».

Depuis la destitution de Mohamed Morsi dans le sillage des manifestations du 30 juin 2013 hostiles à son pouvoir, des centaines de membres des Frères musulmans ont été tués et des milliers d’autres arrêtés, dont les principaux responsables de cette confrérie, à l’image de son « Guide général » Mohamed Badiê. Des dizaines de policiers et de militaires ont également été assassinés, notamment dans le Sinaï, par des groupes armés particulièrement violents.

Le Sinaï, presqu’île frontalière avec Gaza et l’Etat d’Israël a connu une recrudescence des attentats contre la police et les militaires après la chute de Mohamed Morsi. Certaines ont été revendiquées par une organisation se donnant pour nom « Ansar Bayt al Maqdis » (les partisans de Jérusalem). Ansar Bayt Al Maqdis, pour rappel, a également revendiqué un attentat-suicide commis en décembre dernier contre la direction de la sûreté du gouvernorat de Daqahliya (Est) et qui a fait 16 morts, dont 14 policiers.

Pour David Barnett, spécialiste des mouvements islamistes en Égypte interviewé hier par Agence France Presse, « le premier attentat (celui contre la Direction de la sûreté du Caire) porte la marque d’Ansar Beit el-Maqdess », alors que les autres « peuvent être le fait d’autres acteurs essayant de tirer avantage de la situation », ce dont il a donné pour preuve le caractère artisanal des engins explosifs utilisés.

 

Répression tous azimuts

 

La répression policière ne prend pas pour cible uniquement les Frères musulmans. Plusieurs activistes, qu’on peut considérer comme des symboles du mouvement qui a obligé Hosni Moubarak à abdiquer il y a 3 ans, sont actuellement en prison pour avoir bravé une loi restreignant de façon quasi-totale le droit de manifestation. Parmi eux, Ahmed Douma, Mohamed Adel, Ahmed Maher et Alaa Abdelfattah.

Dans un climat de terreur armée grandissante mais aussi d’intimidations contre les partisans du « non » interdits d’exprimer leur point de vue, le vote de nouvelle Constitution il y a une dizaine de jours s’était transformé en campagne d’appel au chef de l’armée, le général Abdelfatah Al Sissi, à présenter sa candidature aux prochaines présidentielles.

Abdelfattah Al Sissi n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature. Celle-ci ne semble pas faire l’unanimité au sein des centres de pouvoir les plus influentes mais elle est ardemment souhaitée par les anti-islamistes radicaux qui veulent pousser plus loin encore la répression des Frères musulmans.

Les grandes puissances, préoccupées par la dégradation de la situation en Egypte, n’ont pas encore exprimé d’opinion tranchée sur cette éventuelle candidature qui, ne semble pas, en revanche, agréer les pays du Golfe. Le gouverneur de Dubaï, cheikh Al Maktoum, a clairement déconseillé au puissant général de briguer la présidence l’appelant implicitement à démissionner de son poste au cas où il nourrirait l’ambition de devenir chef d’Etat.

Ces pays, qui soutiennent politiquement et financièrement le pouvoir en place, craignent probablement que l’élection du chef de l’armée ne mettent cette institution en première ligne d’une périlleuse bataille politique alors qu’elle peut continuer à diriger le réellement pays derrière la vitrine d’un président civil.

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