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La Banque d’Algérie tire la sonnette d’alarme avant d’injecter de nouvelles liquidités

Par Yazid Ferhat
9 septembre 2015
Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie

Lancement de la centrale des risques, injection de liquidités dans l’économie, appel à la vigilance lancé aux banques : la Banque d’Algérie hausse le ton avant de prendre de nouveaux engagements.

 

La Banque d’Algérie, qui s’apprête à injecter de nouvelles liquidités dans l’économie algérienne, a appelé les banques à jouer pleinement leur rôle pour collecter l’épargne et utiliser l’argent disponible au profit de l’investissement. Dans le même temps, la banque centrale reconnait implicitement une crise de liquidités, résultat de la baisse de la fiscalité pétrolière.

La Banque d’Algérie annonce la reprise du refinancement des banques à partir de la mi-octobre, précisant qu’elle va « injecter des liquidités dans l’économie nationale ». En contrepartie, elle précise que les banques doivent se préparer, afin de « ne pas contribuer à une érosion des réserves de change ». Elle appelle ainsi à éviter d’utiliser ces liquidités dans des opérations de commerce extérieur, et de privilégier le financement de l’investissement et l’accompagnement des entreprises.

Cette note de la Banque d’Algérie est rendue publique alors que les premières tensions budgétaires commencent à toucher de nombreux secteurs. Les réserves de change ont-elles aussi commencé à fondre. Entre juin 2014 et juin 2015, elles ont baissé de 34 milliards de dollars, pour s’établir à 159 milliards.

Un « rôle clé » pour les banques

La banque d’Algérie somme littéralement les banques de jouer le jeu, et de s’employer à fond pour capter l’argent circulant dans les réseaux informels. Elle rappelle que 28.2% de la masse monétaire circule en monnaie fiduciaire, ce qui est énorme. « Le potentiel pour le développement de l’épargne reste important », estime la Banque d’Algérie, d’autant plus que la loi de finances complémentaire autorise les détenteurs d’argent à le déposer dans les banques sans justification, contre le paiement d’une taxe de sept pour cent. Dans cette opération baptisée « conformité fiscale volontaire », lancée début août, « les banques ont un rôle clé à jouer », souligne la note de la Banque centrale.

La monnaie en circulation peut apporter « une contribution potentiellement importante à l’épargne financière ». Elle doit « constituer le socle du nouveau schéma de financement bancaire de la croissance ».

Lancement de la centrale des risques

Les banques sont ainsi appelées à se détourner du commerce extérieur, pour œuvrer à « la  dynamisation de leur rôle dans le financement de l’activité économique », tout en développant « leurs capacités à accompagner la création et le développement des PME » et en travaillant à « dynamiser leur activité de conseil ».

La Banque d’Algérie rappelle les mesures qu’elle a elle-même initiées pour pousser les établissements financiers à jouer le jeu. Ainsi a-t-elle agi pour réduire les capacités des banques à financer les importations, en resserrant les règles prudentielles, et « multiplié les opérations de contrôle du commerce extérieur ».

Elle annonce aussi l’entrée en fonctionnement, à la mi-septembre, de la centrale des risques, préalable nécessaire à la relance du crédit à la consommation. Annoncé en grande pompe depuis un an, à la demande pressante du syndicat UGTA, le retour du crédit à la consommation a été retardé pour éviter une explosion de la consommation, au moment où les finances sont au rouge. Le gouvernement a multiplié les entraves avant de le réhabiliter, probablement d’ici la fin de l’année, tout en le limitant aux produits fabriqués localement.

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