Dans son dernier rapport publié ce mois de juin, la Banque mondiale dresse un tableau inquiétant de la situation économique en Tunisie, marquée par une croissance anémique et une absence de réformes structurelles. L’institution maintient ses prévisions à la baisse, tablant sur une croissance du PIB de 1,9 % en 2025 et 1,6 % en 2026.
Ce ralentissement s’inscrit dans un contexte mondial difficile, mais les difficultés tunisiennes trouvent surtout leurs racines dans des fragilités internes : faible investissement public, dépendance à l’endettement extérieur, et un secteur privé peu dynamique. À cela s’ajoute l’incapacité des autorités à mettre en œuvre les réformes économiques promises, notamment en matière fiscale, de retraites et de subventions.
La Banque mondiale souligne que cette inertie pèse sur la crédibilité du pays et freine l’obtention d’un soutien international, à l’image de l’accord avec le FMI toujours bloqué. Le rapport met également en garde contre les tensions sociales croissantes alimentées par un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes diplômés (plus de 35 %), et une inflation persistante qui, bien qu’en légère baisse en 2025 (5,6 % en avril), reste élevée après avoir atteint 8,4 % en 2024.
Avec une dette publique dépassant les 80 % du PIB et un déficit budgétaire ramené à 5,8 % en 2024, la Tunisie dispose de très peu de marges de manœuvre. La Banque mondiale appelle néanmoins à engager des réformes « progressives mais crédibles » pour relancer l’économie tout en préservant la stabilité sociale.