À la veille du coup d’envoi de la CAN 2025 au Maroc, la Confédération africaine de football (CAF) a annoncé un changement majeur : la Coupe d’Afrique des nations ne sera plus organisée tous les deux ans, mais tous les quatre ans. La décision, rendue publique par le président de la CAF, Patrice Motsepe, marque une rupture historique pour une compétition qui, depuis 1957, rythmait le calendrier du football africain sur un cycle biennal. Officiellement, il s’agit d’une réforme structurelle visant à moderniser la compétition et à mieux l’inscrire dans le calendrier international.
Un bouleversement du calendrier africain
Le passage à un cycle quadriennal modifie en profondeur l’organisation du football africain. La CAN, longtemps considérée comme l’événement central du continent, verra sa fréquence réduite, avec des conséquences directes pour les fédérations nationales, les sélections et les championnats locaux. Pour la CAF, l’argument avancé est celui de l’harmonisation avec les grandes compétitions internationales, comme l’Euro ou la Coupe du monde, afin de limiter les conflits de calendrier avec les clubs européens.
Cette réforme répond aussi aux critiques récurrentes des ligues professionnelles et des clubs, qui dénonçaient les interruptions régulières de leurs compétitions pour cause de CAN. En réduisant la fréquence du tournoi, la CAF espère atténuer ces tensions et renforcer l’acceptabilité du football africain dans l’écosystème mondial. Reste que, pour de nombreux acteurs africains, la CAN perd ainsi une partie de sa visibilité et de son rôle fédérateur, notamment pour les pays qui s’appuyaient sur cette régularité pour exister sur la scène internationale.
L’ombre de la FIFA et la question financière
Derrière la réforme du calendrier se dessine clairement la question financière. La CAF n’a pas fait mystère du fait que cette décision s’inscrit dans un cadre de coopération renforcée avec la FIFA. En contrepartie de l’abandon du rythme biennal, l’instance mondiale s’est engagée à accroître son soutien financier au football africain, notamment via ses programmes de développement et d’infrastructures.
Si aucun chiffre précis n’a été officiellement communiqué, plusieurs sources évoquent une augmentation significative des flux financiers en provenance de la FIFA, destinée à compenser la baisse de revenus liée à la diminution du nombre de CAN. Car la compétition représente une part essentielle des recettes de la CAF, à travers les droits télévisés, le sponsoring et le marketing. En clair, moins de CAN signifie potentiellement moins de revenus directs, d’où la nécessité d’un appui financier externe.
La perte de souveraineté pointée
Cette évolution pose néanmoins une question de fond : celle de l’autonomie de la CAF. En acceptant un changement structurel en échange d’un soutien financier accru de la FIFA, l’instance africaine renforce sa dépendance vis-à-vis de Zurich. Une réalité qui alimente déjà le débat au sein du football africain, entre pragmatisme économique et crainte d’une perte de souveraineté sportive.





