“Cette édition connaîtra la signature de contrats commerciaux et d’investissements estimés à 44 milliards de dollars. Si nous ne profitons pas d’au moins 20% de ces contrats, cela est déshonorant pour nous”. Les mots du ministre du Commerce extérieur, Kamel Rezig, résonnent encore dans la salle du Forum africain d’investissement et du commerce (AFIC) qui s’est ouvert hier à Alger. L’Algérie vise désormais 9 milliards de dollars lors de cette édition de l’IATF. Un défi considérable qui se prépare activement alors que les dernières heures de négociations se déroulent actuellement.
L’Algérie ambitionne de capter 9 milliards de dollars en septembre 2025, dans un contexte auquel les résultats globaux de l’IATF ne cessent de progresser, avec 32 milliards de dollars en 2018, puis 42 milliards de dollars en 2021, et enfin 43,8 milliards de dollars en 2023 au Caire, grâce à 426 transactions réalisées dans 21 secteurs économiques. Cette croissance constante témoigne de la vitalité de cette plateforme commerciale, et il reste maintenant à voir si l’Algérie parviendra à prendre pleinement sa part dans cette dynamique positive, comme l’espèrent ses dirigeants.
Des atouts stratégiques à transformer en contrats concrets
Pour réussir ce pari audacieux, l’Algérie dispose certes d’avantages non négligeables. Accueillir l’événement lui confère naturellement une position privilégiée, car les 2000 exposants et 35000 visiteurs professionnels venus de 140 pays créent mécaniquement des opportunités de négociations et de partenariats. Encore faudra-t-il les concrétiser.
Les réformes engagées pour améliorer le climat des affaires semblent commencer à porter leurs fruits, et Omar Rekkache, directeur général de l’Agence algérienne de promotion des investissements, les a d’ailleurs présentées lors du forum actuel comme un atout majeur pour rassurer les partenaires potentiels. La route transsaharienne reliant l’Algérie au Nigeria constitue sans doute un argument commercial de poids, tandis que le ministre des Travaux publics, Lakhdar Rakhroukh, a également mis en valeur l’expertise technique algérienne comme “une référence pour les pays africains”. Cette compétence pourrait devenir un véritable produit d’exportation, à condition toutefois de surmonter la concurrence internationale.
Des obstacles persistants qui pourraient limiter les ambitions
Malgré ces atouts, plusieurs défis majeurs doivent être relevés. Le commerce intra-africain demeure limité à seulement 15% du volume total des échanges continentaux, ce qui restreint mécaniquement les possibilités immédiates de transactions, même dans le cadre d’un événement majeur comme l’IATF.
La préparation des entreprises algériennes suscite visiblement des inquiétudes puisque l’appel de Kamel Rezig aux entreprises publiques et privées pour “travailler en collaboration” traduit une préoccupation sur leur capacité à saisir cette opportunité exceptionnelle. Le temps presse donc pour combler d’éventuelles lacunes.
Par ailleurs, les entreprises d’autres pays africains arrivent souvent mieux préparées à ce type d’événement car elles maîtrisent davantage les marchés, comprennent les pratiques commerciales locales et possèdent des réseaux établis que les algériennes devront rapidement développer.
Une stratégie multidimensionnelle dont l’efficacité reste à prouver
Face à ces défis, l’Algérie travaille simultanément sur plusieurs fronts. D’une part, la préparation des entreprises nationales avance avec l’identification d’opportunités concrètes et la structuration d’offres compétitives. D’autre part, la diplomatie économique s’active parallèlement pour préparer des accords majeurs avant l’ouverture de l’événement. Cette approche globale produira-t-elle les résultats escomptés?
Le pays mise logiquement sur l’énergie et les infrastructures, ses domaines d’excellence traditionnels, mais aussi sur l’industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire, des secteurs en développement prometteurs. De plus, la diaspora algérienne est également mobilisée pour établir des connexions avec les marchés africains. Ces secteurs stratégiques suffiront-ils à générer 9 milliards de dollars de contrats?
“Si nous ne profitons pas d’au moins 20% de ces contrats, cela est déshonorant pour nous”, a affirmé Kamel Rezig. Cette déclaration va bien au-delà des enjeux financiers immédiats, car c’est la légitimité même de l’Algérie comme acteur commercial continental qui se joue en septembre prochain. Un objectif atteignable ou une ambition démesurée?