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La directrice de la production de Samira TV raconte comment elle a créé sa chaîne télé

Par Yacine Temlali
18 juin 2014
Pour Samira Bezaouia, les téléspectateurs sont lassés de la politique et

Samira Bezaouia revient, dans cet entretien, sur son parcours pour créer cette chaîne de télévision dédiées aux femmes, les difficultés qu’elle a rencontrées et ses projets d’avenir. L’audiovisuel nécessite un lourd investissement, se contente-t-elle de dire, refusant de révéler les montants qu’elle a investis dans Samira TV.

 

 

Samira TV, première chaîne de télévision algérienne privée destinée aux femmes. Comment vous est venue l’idée de créer cette chaîne dans cette ère d’ouverture du champ audiovisuel ?

 

A vrai dire, ce projet a été un défi et un rêve d’enfance. En tant que femme, j’ai toujours voulu relever les défis par mon travail. La création de cette chaîne s’est effectuée après une expérience vécue dans l’audiovisuel et l’édition des livres de cuisine. Ma formation, en tant que diplômée de l’université des sciences économiques, spécialité économie financière, m’a aussi aidé à faire le pas dans le monde des affaires. Mes débuts de carrière étaient dans l’ENTV, où j’ai animé, pendant cinq ans, tous les vendredis, une émission en direct sur l’art et la création. En 2004, j’ai créé ma maison d’édition, La Plume. J’ai édité d’abord mes livres de cuisine et de haute couture sous le nom de « Samira », puis j’ai publié des manuels parascolaires. Jusqu’à présent, des livres de cuisine de 150 auteurs ont été édités par La Plume dont certains ont atteint les 100.000 exemplaires. Et je suis à la 24ème édition de la revue de haute couture. Toujours dans le domaine de la création et de l’innovation, j’ai réalisé des défilés de mode en Arabie Saoudite, où j’ai fait porter le Karako algérien à la fille du gardien des lieux Saints de l’Islam, au Liban et aussi au Canada.

Donc après ce parcours, j’ai réalisé que j’avais de la matière première pour créer une chaîne de télévision dédiée spécialement à la femme. Pour réussir dans ce domaine et avoir le savoir- faire, j’ai fait une formation au Canada. Mon mémoire de fin d’étude a porté sur une entreprise d’audiovisuel algérienne, Eurl Samira TV. Je suis la directrice de la production et mon mari est responsable de tout ce qui est administration et relations extérieures.

 

Investir dans l’audiovisuel a été pour vous une aventure risquée et plein d’embûches. Le fait d’être une femme a-t-il été une contrainte pour réaliser votre projet ?

 

L’investissement dans l’audiovisuel est un lourd investissement. Je ne peux pas révéler le coût de ce projet. Tout ce que je peux dire est que le financement de Samira Tv s’est fait sur mes fonds propres. Je n’ai pas fait de crédits bancaires. Le seul soutien dont j’ai pu bénéficier est celui de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI). Je suis la seule entreprise d’audiovisuel passée par cette agence. Grâce à l’ANDI, j’ai pu avoir toutes les facilités en matière d’importation d’équipements, d’exonération de droits de douanes et d’impôts sur le bénéfice. La difficulté pour réaliser ce projet a été liée aux préparations du terrain avant le lancement de la chaîne. La construction des studios, le matériel et la mise en place de l’équipe technique ont été un dur labeur. Heureusement que j’avais déjà une expérience dans le domaine grâce à l’ENTV et j’ai pu transmettre ce savoir-faire à mon équipe.

La difficulté pour moi en tant que femme a été d’ordre familial. Je suis mère de quatre enfants, dont un bébé de neuf mois. Le fait de travailler toute la journée et même le week-end a été un défi, pour ce qui est de remplir mon rôle de mère de famille. Mais avec la volonté, tout est possible.

 

Les investisseurs se plaignent toujours de problèmes de foncier pour réaliser leurs projets. Avez-vous été confrontée à ce problème?

 

Non. Pour la construction des studios, j’avais déjà des terrains, une propriété privée. J’ai construit deux studios réservés pour l’émission cuisine et un petit espace réservé à l’émission de couture traditionnelle « Kostbia ».

Pour revenir aux difficultés rencontrées, je vais vous raconter une anecdote. Mon problème avec l’administration a eu pour objet les termes techniques utilisés pour le matériel. D’abord, pour me faire comprendre, je devais avoir un contact direct avec les directeurs des différentes administrations. Ceci afin de leur expliquer tout l’équipement à importer. Mais, malheureusement, au niveau des services de douanes, j’ai eu des problèmes à cause de micros à distance à ondes sonores. Il fallait une autorisation pour les importer. Je suis restée trois mois à attendre pour l’avoir. J’ai aussi été soumise à une enquête de la Gendarmerie pour savoir quelle serait la destination de ce matériel. J’ai fait toutes ces procédures et payé mes droits. Mais le comble est qu’après tout ce parcours, on m’a dit que le service auquel j’ai eu recours n’était pas spécialisé dans les ondes sonores. Suite à cela, j’ai laissé tomber ce matériel au niveau de la douane. La solution a été d’acheter d’autres micros à onde sonore ici en Algérie, chez le privé.

 

Avez-vous d’autres projets ?

 

Je voudrais faire de cette chaîne une chaîne mondiale. Si je me lance dans d’autres projets, ce sera toujours dans l’’art et la création, loin de la politique et du religieux. J’ai constaté, ces dernières années, que les téléspectateurs se retrouvent dans des émissions d’art et de création plus que dans les autres. Ils sont blasés de la politique et veulent souffler ailleurs. Je suis aussi sur le point de lancer une nouvelle émission, « Safari », dédiée à la cuisine mondiale qui présentera l’art culinaire de différents pays du monde.

Le 5 juillet 2014, la chaîne fêtera sa première année. On n’a pas l’audimat pour évaluer le nombre des téléspectateurs mais d’après les échos que j’ai eus à travers les agences de communication, Samira TV est classée parmi les premières chaînes à forte audience. C’est ma réussite.

 

Interview réalisée par Hafidh Abdelsalam

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