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La Libye hésite entre la négociation et la force pour dégager les sites pétroliers

Par Maghreb Émergent
31 mars 2014
Al-Jadhran
Ibrahim Al-Jadhran, le chef milicien qui défie Tripoli à l’est (dr)

Al-Jadhran

 Le gouvernement libyen va-t-il passer à l’offensive militaire contre les milices qui bloquent les installations pétrolières notamment dans l’est du pays ?

La question est sur toutes les lèvres d’autant que la production d’or noir peine à dépasser les 150.000 barils par jour (contre 1,6 millions de barils quotidiens en 2012 !) et qu’elle pourrait même tomber à 100.000 bj en raison de la multiplication d’incidents. Outre des problèmes techniques dans l’ouest du pays vraisemblablement dus à des défauts de maintenance, le principal facteur responsable de cette stagnation est le fait que les groupes armés de l’est, notamment celui dirigé par Ibrahim Jadhran, n’en démordent pas. Ils continueront à bloquer les terminaux et les sites de pompage tant qu’une enquête n’aura pas été commanditée à propos d’éventuelles malversations au sein de la NOC, la compagnie pétrolière étatique. Autre revendication régulièrement martelée par Jadhran : une meilleure répartition régionale des ressources financières tirées de l’exportation d’or noir. Récemment, la situation s’est tendue en raison d’affrontements armés entre les milices et la brigade Ali Hussein Jaber, proche du gouvernement et à tendance islamiste. Malgré l’emploi d’artillerie lourde, les milices n’ont pu être délogées et il semble même qu’elles aient encore plus renforcé leurs positions autour des pipelines qui relient le champ d’al-Wafa au port pétrolier de Millitah.

Un « coup de main » de l’Otan

Pour mémoire, le gouvernement central de Tripoli a menacé début mars les milices de recourir à la force pour les déloger des installations pétrolières et leur a même adressé un ultimatum. Mais, comme le relevait récemment un officiel interrogé par l’agence Bloomberg, personne ne sait quand expire exactement cet ultimatum et quels moyens militaires i compte utiliser Tripoli pour arriver à ses fins. La situation est d’autant plus compliquée que l’usage de la force dans des installations déjà endommagées par les combats de 2011 pourrait faire d’importants dégâts et provoquer un arrêt durable des opérations. C’est pourquoi le gouvernement n’a pas fermé la porte à des négociations. Une main tendue rejetée pour le moment par Ibrahim Jadhran et ses pairs qui exigent que Tripoli revienne d’abord sur ses menaces et annule le fameux ultimatum. En tout état de cause, de nombreux spécialistes de la Libye estiment que le pouvoir central n’a pas les moyens militaires suffisants pour déloger seul les miliciens. Du coup, les supputations se multiplient quant à l’hypothèse d’un « coup de main » de l’Otan pour remettre de l’ordre dans le secteur pétrolier libyen. La récente affaire du « Morning glory » a redonné corps à cette hypothèse. Battant pavillon nord-coréen, mais visiblement affrété par un donneur d’ordre égyptien basé à Alexandrie, ce navire a chargé 234.00 barils fournis directement par les milices de l’est du pays. Après avoir menacé de le bombarder, les autorités de Tripoli ont finalement obtenu l’aide de la marine américaine.

Dix milliards de dollars de manque à gagner

Arraisonné en haute-mer par l’US navy et ramené au port de Khomes (ouest du pays), le Morning Glory et son équipage sont désormais sous le contrôle des autorités judiciaires libyennes. Sa cargaison, elle, devait alimenter la raffinerie de Zaouia laquelle dessert en carburant l’ouest du pays et notamment Tripoli. Même si elle a été officiellement sollicitée par le gouvernement central, l’intervention américaine interpelle les observateurs qui s’interrogent sur sa légalité et qui se demandent s’il ne s’agit pas du premier acte d’une action de plus grande envergure. Dans un contexte international marqué par les tensions engendrées par l’annexion de la Crimée par la Russie, Washington cherche à anticiper les conséquences d’un choc pétrolier que provoquerait un éventuel embargo sur la Russie. Permettre à la Libye d’augmenter sa production d’or noir et de gaz naturel serait une excellente nouvelle pour une Europe dont 30% des approvisionnements sont assurés par la Russie. Reste qu’il est plus facile d’arraisonner un pétrolier en haute mer que de libérer des champs pétroliers investis par des hommes puissamment armés et disposant même de batteries anti-aériennes. De plus, sur le plan politique, une telle intervention occidentale serait des plus contre-productives car elle décrédibiliserait davantage le pouvoir de Tripoli tout en donnant une légitimité aux revendications des milices de l’est du pays. Du coup, la perspective d’une solution négociée paraît incontournable sauf nouveau dérapage. Pour la Libye, il y urgence : le pays a perdu plus de 10 milliards de dollars en manque à gagner et la faiblesse de ses exportations pourrait même l’obliger à suspendre momentanément sa présence au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

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