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Algérie

La liquidation du groupe émirati Abraaj risque d’affecter deux entreprises algériennes

Par Younes Saâdi
17 juillet 2018
Image Abraaj Group

Le groupe émirati Abraaj est présent dans différents pays en Afrique à travers des participations dans les capitaux d’une douzaine de sociétés en Afrique subsaharienne, et environ une dizaine en Afrique du Nord.

Deux entreprises algériennes en l’occurrence la Flèche Bleue algérienne spécialisée dans la logistique et la filiale du groupe Mahri Cepro spécialisée dans la fabrication des couches bébés seront exposées à des difficultés au cours des prochaines semaines.

La raison : Le capital investisseur Emirati Abraaj Capital qui détient des parts dans ces deux entreprises traverse les pires moments de son Histoire. Selon l’Agence Ecofin, les nouvelles de la procédure de liquidation d’Abraaj ne sont pas très positives. Citant plusieurs médias américains et britanniques l’auditeur (PwC) chargé d’analyser les comptes du capital d’investissement a collecté des allégations jugées sérieuses sur des pratiques de « mauvaise gestion, de mélange de fonds et de détournement d’actifs ».

PwC selon le Financial Times, indique n’avoir pas trouvé de preuves irréfutables d’une gestion intentionnellement mauvaise. Mais selon le Wall Street Journal qui cite le même document, la firme d’audit dit n’avoir pu obtenir des rapports financiers de certaines activités d’Abraaj et se demande comment ce dernier pouvait piloter ses opérations dans ces conditions.

Le média cite un passage dans lequel il est mentionné que le capital investisseur s’est retrouvé en défaut de paiement sur un emprunt de près d’un milliard de dollars. La ressource ainsi mobilisée était affectée au règlement des salaires et autres charges, que généralement les sociétés de pivate-equity financent avec les frais des gestions des fonds sous leurs responsabilités. Ainsi, ses dépenses de personnels de 3 millions $ par mois, se situeraient largement au-dessus des 800 000 dollars de frais de gestion normalement disponibles, précise Ecofin.

Selon la même source PwC aurait découvert, qu’Abraaj utilisait parfois des actifs de certaines sociétés de son portefeuille, en garantie de certains emprunts, dont le montant n’a pas été dévoilé. Ce portefeuille, il faut le rappeler, compte une douzaine de sociétés en Afrique subsaharienne, et environ une dizaine en Afrique du Nord.

« Selon des sources qui n’ont pas été confirmées, ni par l’investisseur, ni par le liquidateur, les investisseurs des divers fonds d’Abraaj aurait rejeté une deuxième offre de rachat de Colony Capital, qui s’est signalé au début du mois de juillet sur un des fonds de la firme », note la même source.

Les pays africains exposés au remous subis par Abraaj, sont le Kenya où il a investi dans la très prometteuse chaîne de café Java House. Il y a aussi le Nigéria, dont l’entreprise de production d’engrais Indorama a bénéficié de ses investissements. On citera, par ailleurs, la société Lilas, basée en Tunisie, Fan Milk au Ghana.

Contacté par Maghreb Emergent, l’expert en économie Abderhmane Mebtoul écarte toute répercussion de cette affaire sur l’économie algérienne. « C’est une affaire qui n’aura pas d’incidence sur l’économie algérienne », a-t-il assuré. Pour lui, seules ces deux entreprises la Flèche Bleue algérienne et Cepro seront touchées par cette liquidation.

« Ces deux entreprises sont de petite taille, d’autant plus que le groupe Mehri est suffisamment solide pour affronter toute éventualité », a-t-il précisé. Interrogé sur l’avenir de ces deux entreprises, l’expert dira que dans ce genre de situation il faut revenir au contrat de prise de participation. « Il faut revenir à ce qu’il a été mentionné dans les contrats de prise de participation pour calculer les répercussions », a-t-il dit avant de s’inquiéter sur la capacité des entreprises algériennes à affronter les litiges financiers internationaux. « Un seul mot dans le contrat pourrait faire perdre à une entreprise ses droits lors des litiges financiers internationaux », a-t-il mis en garde

Des leçons à tirer pour l’Algérie

Cette affaire doit servir de leçon aux entreprises algériennes qu’elles soient privées ou publiques, estime l’expert. « Nous avons perdu beaucoup d’affaires en arbitrage international. Il faut que nos entreprises algériennes aient le savoir-faire nécessaire pour pouvoir gagner des procès à l’étranger », a-t-il souligné. Pour lui, l’Algérie doit se doter de cabinets pluridisciplinaires solides qui auront en charge l’accompagnement des entreprises algériennes dans leurs partenariats avec les étrangers.

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