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La présidentielle entérine le coup d’Etat (contribution)

Par Maghreb Émergent 22 juin 2019

La quête du renouveau demeure l’ultime ambition de tout individu, qui aspire au statut lui conférant les attributs inébranlables de la citoyenneté.

La corrélation de l’emprise du régime sur l’Etat et la dérive autoritaire qui asphyxie l’exercice politique, nous incite à aiguiser la réflexion pour suggérer une issue à diverses impasses.

Responsabiliser le citoyen sur plusieurs échelons trouve un sens lorsque la pratique politique gagne en libertés. Le concept de refondation de l’Etat devient intrinsèque au désir de changement démocratique.

Le processus révolutionnaire déclenché le 22 février 2019, désormais une date écrite en or dans les registres de l’histoire contemporaine, s’articule autour d’aspirations convergentes pour une nouvelle indépendance algérienne.

L’évocation de la guerre de Libération au cours des manifestations hebdomadaires du vendredi et du mardi, à travers notamment l’exposition de portraits de martyrs, souligne ce lien continu de la lutte des Algériens pour la consécration des libertés fondamentales.

Le mouvement populaire nous invite à refuser tout autoritarisme et à exiger un renouvellement institutionnel et un nouvel ordre constitutionnel, sans se figer temporellement par illogisme et dogmatisme ou écrire sur le marbre sans désinscrire.

Des lectures irraisonnables

Au lendemain du 5 juillet 1962, le recours de l’armée des frontières à la force pour piétiner la légitimité démocratique a provoqué un continuel désordre organisationnel de l’Etat. Quelques semaines plus tard, la première et seule Assemblée constituante algérienne de septembre 1962 a été vidée de sa substance dans un cinéma. Ultérieurement, les scénarios réalisés n’étaient pas ceux espérés par le mouvement national.

Le logiciel de réflexion militaro-dictatorial s’est perpétué jusqu’à nos jours, au point d’imputer à tout Algérien au langage contradictoire des soupçons sans consistance. Les invariables méthodes du système se raccordent au cordon ombilical des putschistes de l’été 1962, et duquel se réclame l’Etat-major aujourd’hui.

Des détenteurs du pouvoir réel des Tagarins ne s’accommodent pas à l’idée d’un changement radical. Des décideurs considèrent que toute évolution politique de la société les conduit dans les couloirs des geôles. Ceci explique les sorties médiatiques malvenues de l’actuel porte-parole de l’Etat-major. La redondance de ses discours, grandiloquents, souvent creux et sans raisonnements, et tout en usant de violences verbales, rend palpable le fond de ses pensées et de ses conseillers. Les piliers de cette architecture sémantique dessinent l’aspect antidémocratique qui jonche l’esprit de hauts gradés influents. Jamais un haut responsable de ce rang n’a formulé un tel verbiage et fait preuve d’un déficit de règles discursives. Cela nous renseigne également sur les hésitations et la faiblesse du contenu politique des véritables protagonistes du régime.

Les attaques répétitives contre ceux qui réclament une positive restructuration de l’Etat sur de sains et solides fondements pour régir les pouvoirs, démontre cet effroi de perdre tout contrôle sur la rente, les niches de corruption et les privilèges.

Une nouvelle Constitution pour marquer la rupture

La proposition d’une nouvelle Constitution qui dissocie concrètement les prérogatives d’interventions, pousse les acteurs du système et sa clientèle à diaboliser et à foudroyer toute idée allant dans ce sens. Pourtant, plusieurs arguments politico-juridiques permettent de mettre en exergue le caractère despotique du texte constitutionnel en vigueur. La centralisation des décisions et des nominations au niveau du Palais d’El Mouradia, l’empiètement sur les domaines judiciaire et législatif, l’exclusivité de l’initiative référendaire, la domination des conseils, etc., indique que le Président de la République reste otage d’un Etat-major au rôle présidentiel officieux.

Réclamer le changement pacifique, qui ne doit pas s’arrêter au politique seulement, nous pousse à insister autant que possible sur le dysfonctionnement de la présente Constitution.

Les mécanismes à adopter pour une intégrale métamorphose institutionnelle doivent être expliqués et détaillés pour assurer et rassurer les citoyens quant à la nécessité d’une nouvelle Constitution avant l’entame d’une élection présidentielle. Cela doit naturellement s’apposer sur une feuille de route d’une transition démocratique, pour bâtir une nouvelle République matérialisant  les slogans scandés durant les marches de millions de citoyens. Il n’y a pas de néant en politique.  Un compromis dans la société est possible.

Mehdi Bsikri, journaliste indépendant

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