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La Tunisie et l’Algérie redécouvrent les pistes peu explorées du partenariat dans l’agriculture

Par Oussama Nadjib
1 novembre 2016
Certains entrepreneurs tunisiens voient dans l'Algérie leur marché naturel d'expansion (DR)

 

L’agriculture est une piste de coopération généralement peu explorée entre l’Algérie et la Tunisie, les choses pourraient changer à l’avenir si les annonces sont suivies d’effet. Certaines entreprises tunisiennes ont pris les devants discrètement et se sont délocalisées vers l’Algérie qu’elles voient comme leur marché d’expansion.

 Les ministres de l’agriculture des deux pays, le tunisien Samir Tayeb et l’algérien Abdeslam Cheghoum se sont rencontrés la semaine dernière et ont affiché leur détermination à changer la donne en levant les obstacles qui entravent les échanges commerciaux et techniques dans le domaine agricole.

 Un partenariat algéro-tunisien d’autant plus pertinent que le contexte est marqué par des difficultés financières aggravées dans le secteur agricole par un déficit de pluviométrie.  En Tunisie, le déficit budgétaire serait de 7,1% au lieu de 3,9% prévu dans la loi de finance de 2016. La saison agricole 2015/2016 a été sérieusement affectée en raison du déficit pluviométrique.

Les pertes financières dans ce secteur sont estimées à 1994 millions de dinars, soit 21% de la valeur de la production agricole et, 7% du budget de l’Etat» a indiqué le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche, Abdelmajid Ezzar. Selon lui, « la superficie des cultures sous serres s’est rétrécie à 2 millions de m². »

 

Délocalisations tunisiennes vers l’Algérie

 

L’agriculture reste un secteur oublié du partenariat algéro-tunisien. En cause, des dispositifs dissuasifs qui existent. Selon un importateur algérien activant dans l’agroalimentaire, outre des barrières non-tarifaires telles que «les contrôles sanitaires drastiques appliqués par les deux pays», les échanges commerciaux dans ce secteur «sont soumis à un régime de quota.»

Les produits agricoles s’échangent moins facilement en comparaison aux années précédentes. Une baisse qui s’explique, selon lui, du fait que « la Tunisie, d’une part, applique un régime protectionniste. D’autre part, l’Algérie a amélioré son agriculture grâce aux encouragements de l’Etat.»

Pourtant, les choses semblent bouger dans l’industrie agro-alimentaire d’après cet importateur, qui affirme que «des industriels Tunisiens sont entrain de délocaliser leurs usines vers l’Algérie qui est, pour eux, le marché d’expansion n°1. ».

 La zone industrielle de Boucedra ainsi que celle de Berrahal dans la wilaya d’Annaba comptent déjà un nombre d’usines tunisiennes. Il s’agit, dit-il, «d’usines de biscuits, de chamia, produits de pâtisserie, confiserie…etc. » à l’image de « l’entreprise Acila. »

 Une délocalisation entamée également dans d’autres secteurs industriels à l’instar de «l’usine Lilas qui fabrique les couches pour bébé, ainsi celui de l’électroménager, ou encore dans le recyclage. ».

Les investissements tunisiens ne se limitent pas à l’est algérien seulement puisque en novembre 2015, la société « Tunisie Profilé d’Aluminium » ( TPR ), a ouvert une usine spécialisée dans la fabrication de profilés en alliages d’aluminium à Ain Defla, au sud-ouest d’Alger.

 

L’investisseur tunisien connait bien l’écosystème algérien

 

 La présence de ces usines en Algérie remonte à quelques années «entre 3 et 5 ans, selon notre interlocuteur, qui explique que l’Algérie détient beaucoup d’atouts pour l’investisseur Tunisien.  «Le coût de l’énergie, les produits subventionnés sont les meilleurs atouts pour un industriel tunisien. » De plus, l’investisseur tunisien « connait assez bien l’écosystème algérien par rapport aux autres investisseurs étrangers» souligne cet importateur.

 Pour rappel, en 2015, la Tunisie a été le premier client de l’Algérie en ayant absorbé 32% des exportations hors hydrocarbures globales (27% sucre, 20% verre plat, 8% eaux minérales et gazéifiées, 8% dérivés sulfonés et 5% les jus de fruits).

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