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La Tunisie se dote d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption

Par Maghreb Émergent
9 décembre 2016

Après le lancement du débat national sur les atteintes aux droits de l’homme de la période de Ben Ali, la Tunisie veut s’attaquer à l’autre grand mal qui déstructure le lien social dans la nouvelle ère démocratique.

La stratégie nationale de lutte contre la corruption, a été signée ce vendredi à Tunis au deuxième jour du congrès national sur la lutte contre la corruption.
Elle a été paraphée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, le président de l’Instance Nationale de Lutte Contre la Corruption (INLUCC) Chawki Tabib, le vice président de L’Instance provisoire de la Justice judiciaire Radhouen Ouerthi et le président du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT).
” La lutte contre la corruption est l’une des priorités du gouvernement de l’Union Nationale. Et c’est dans cette perspective qu’on appuiera, sur le plan logistique et financier cette guerre contre la corruption ” a affirmé Youssef Chahed dans de son allocution.
Il a annoncé dans ce sens qu’un nouveau poste de conseiller chargé de la lutte contre la corruption sera crée au sein de la présidence du gouvernement pour développer les relations avec les parties concernées par cette guerre.
Chawki Tabib a, pour sa part, expliqué que la concrétisation de cette stratégie devrait mobiliser une enveloppe de 6 millions de dinars par an. Ce montant sera consacré aux campagnes de sensibilisation. ” Nous avons fait le calcul et nous avons conclu que ce montant ne dépasse pas 0,02% de la valeur des accords signés lors de la conférence internationale sur l’investissement ” Tunisia 2020 “. La lutte contre la corruption étant également un investissement, a-t-il relevé.
” Selon une étude élaboré sur la corruption, 71% des Tunisiens considèrent qu’il est encore possible de lutter contre la corruption en Tunisie. C’est en vue de réaliser cet espoir que nous n’épargnerons aucun effort dans notre guerre contre la corruption ” a-t-il soutenu.
Intervenu lors de la cérémonie de signature, le représentant, résident du programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Kébir Alaoui a affirmé que la Tunisie n’a plus d’excuse pour ne pas lutter contre la corruption. ”
La Tunisie a un plan, des volontés, des équipes formées et des capacités engagés. L’agenda économique que la Tunisie avait mis en place pour l’année 2030 pourrait, malheureusement, être remis en cause si la corruption continue, ” a-t-il averti.
Alaoui a salué l’engagement du ministère de la santé, la douane et certaines municipalités dont celle de Djerba qui vient d’adopter les plans d’action opérationnels de lutte contre la corruption. ” Que l’ile de Djerba ” contamine” et incite les autres institutions de l’Etat pour s’engager dans la lutte contre la corruption. ” a-t-il lancé
Neji Bghouri, a rappelé dans une déclaration accordée à la TAP que le SNJT a signé la stratégie au nom de toute la société civile qui est toujours engagé dans la lutte contre la corruption bien avant la révolution. La société civile doit, note Bghouri, instaurer la culture de lutte contre la corruption et l’impunité. La liberté de la presse et des médias est selon lui, un facteur garant de la lutte contre la corruption.
” Le journalisme d’investigation est, à titre d’exemple, un espace pour la lutte contre la corruption ” a-t-il précisé.

Un plan d’action sur deux années

Le plan d’action de cette stratégie s’étalera sur 2 ans et se basera sur des plans d’action semestriels.
Selon le texte de la stratégie, une instance ou une commission doit être mise en place pour élaborer les rapports d’avancement semestriels.
Cette commission devrait regrouper des représentants des établissements publics, des représentants de l’INLUCC, du secteur privé, de la société civile, des médias ainsi que des personnalités académiques et culturelles.
D’après des experts nationaux et internationaux, cette stratégie s’est fixée six principaux objectifs. Elle vise notamment à afficher une réelle volonté politique de jeter les fondements de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption pour renforcer le processus démocratique et le protéger contre toute dérive. Parmi ces autres objectifs, favoriser la participation des différentes composantes de la participation aux efforts de l’Etat visant à jeter les fondements de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, consacrer les principes de l’intégrité et de transparence pour optimiser la gestion des ressources et des dépenses publiques et renforcer les mécanismes de redevabilité pour imposer le respect de la loi et consacrer le principe d’égalité devant la justice.

Six objectifs principaux

cette stratégie s’est fixée six principaux objectifs :
Afficher une réelle volonté politique de jeter les fondements de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption pour renforcer le processus démocratique et le protéger contre toute dérive,
Favoriser la participation des différentes composantes de la participation aux efforts de l’Etat visant à jeter les fondements de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption,
Consacrer les principes de l’intégrité et de transparence pour optimiser la gestion des ressources et des dépenses publiques,
Renforcer les mécanismes de redevabilité pour imposer le respect de la loi et consacrer le principe d’égalité devant la justice,
Fournir tous les outils de travail nécessaires aux différents acteurs pour accroitre leurs capacités en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption,
Définir clairement les rôles des différents acteurs publics dans le domaine de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption et favoriser la coordination entre eux.
Chacun de ces objectifs prévoit un ensemble de stratégies dont des audits dans les secteurs les plus touchés par la corruption.
Ces stratégies portent notamment sur :
L’examen des anciens rapports et études élaborés par les établissements de contrôle administratif et judiciaire,
La mise en place d’un système de déclaration sur l’honneur du patrimoine des hauts fonctionnaires et certains agents de la fonction publique,
La mise en œuvre des textes législatifs relatifs à la protection des dénonciateurs de la corruption,
L’élaboration d’une approche par ilots d’intégrité,
La valorisation des expériences pilotes en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption,
La mise en place des mécanismes pour mieux impliquer le citoyen et la société civile dans le processus de lutte contre la corruption et l’incitation des citoyens et des différentes composantes de la société civile à adhérer aux campagnes de lutte contre la corruption.

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