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L’Afrique trace sa voie : vers une intégration économique portée par le commerce et la finance

Par Djaafar Ouigra 8 September 2025

L’édition 2025 de l’Intra-African Trade Fair (IATF 2025), organisée à Alger, a marqué un tournant pour l’intégration économique africaine. Au centre des débats : la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et ses mécanismes de mise en œuvre, avec un focus particulier sur le Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS).

 Deux voix ont résonné avec clarté : Mme Kanayo Awani, vice-présidente exécutive d’Afreximbank, et le Pr. Benedict Okey Oramah, président de la banque panafricaine. Leurs interventions ont mis en lumière la vision d’une Afrique qui veut transformer son potentiel en prospérité partagée.

La ZLECAf, colonne vertébrale de l’intégration africaine

La ZLECAf est aujourd’hui le projet le plus ambitieux de l’Union africaine. En réunissant 55 pays, elle vise à supprimer les barrières commerciales et à bâtir un cadre réglementaire commun. Mais cet accord ne peut pas rester une promesse sur le papier.

À Alger, Mme Kanayo Awani a rappelé : « Les règles seules ne suffisent pas. La ZLECAf fournit le cadre politique et juridique, mais c’est grâce à des instruments comme l’ATG et le PAPSS que ces règles deviennent des transactions réelles, efficaces et sécurisées. »

Son message est clair : pour que l’intégration fonctionne, il faut des outils concrets capables d’unifier les paiements, d’accélérer les démarches et de moderniser les douanes.

PAPSS : le moteur financier de la ZLECAf

Le PAPSS a occupé une place centrale lors de l’IATF 2025. Mis en place par Afreximbank et l’Union africaine, il permet aux entreprises africaines de payer dans leur monnaie locale, tandis que le vendeur reçoit directement dans la sienne.

Un exemple concret : une société sénégalaise règle une facture en franc CFA, et son partenaire éthiopien encaisse en birr, sans passer par des banques étrangères. Résultat : moins de coûts, plus de rapidité, et surtout une indépendance accrue vis-à-vis du dollar ou de l’euro.

Mme Awani a insisté : « Le PAPSS est une pièce maîtresse pour la ZLECAf. Sans un système de paiement fluide et rapide, le commerce intra-africain restera limité. »

En réduisant les coûts de transaction et en sécurisant les règlements, PAPSS devient l’infrastructure qui donne vie à l’accord continental.

Les défis de l’intégration numérique

L’enthousiasme n’efface pas les obstacles. Mme Awani les a soulignés sans détour : « Nous devons surmonter la fragmentation des systèmes de paiement, combler le déficit d’infrastructures numériques et garantir que  les PME soient pleinement intégrées dans ce processus. »

Ces défis rappellent que l’Afrique ne pourra prospérer que si l’inclusion devient une priorité. Le commerce numérique doit être accessible non seulement aux grandes entreprises, mais aussi aux jeunes, aux start-ups et aux acteurs informels.

Afreximbank, catalyseur de prospérité

Le Pr. Benedict Okey Oramah, président d’Afreximbank, a rappelé le rôle stratégique de l’institution. Pour lui, le financement n’est qu’un levier parmi d’autres : « Nous devons créer les outils financiers, logistiques et numériques qui permettront à nos entreprises de rivaliser sur la scène mondiale. L’IATF 2025 est une vitrine, mais surtout un tremplin vers un marché africain intégré et prospère. »

Son intervention a mis en avant la nécessité d’harmoniser les standards, de renforcer les capacités des PME et d’encourager l’innovation. Oramah voit dans la ZLECAf et PAPSS un duo complémentaire capable de transformer le paysage économique du continent.

La synergie entre la ZLECAf et le PAPSS ouvre une nouvelle ère. Déjà, 49 pays ont ratifié l’accord et adopté le protocole sur le commerce numérique. Les certificats d’origine électroniques, les paiements interopérables et la conformité en temps réel deviennent des réalités tangibles.un accès élargi aux marchés régionaux pour les PME,des échanges transfrontaliers plus rapides et moins coûteux,une intégration renforcée des femmes et des jeunes dans l’économie,une meilleure compétitivité face aux autres blocs commerciaux mondiaux.

L’importance des rencontres comme l’IATF

L’IATF 2025 a aussi montré la valeur des rendez-vous réguliers entre décideurs, entrepreneurs et investisseurs. Mme Awani l’a rappelé : « Le commerce numérique est désormais une réalité en Afrique. Pour en tirer profit, nous devons multiplier ces cadres de dialogue et de coopération. »

De son côté, le Pr. Oramah a conclu : « L’avenir du marché africain se joue dans notre capacité à travailler ensemble. Chaque IATF est une étape, mais l’objectif final reste le même : bâtir une Afrique prospère, intégrée et compétitive. »

L’édition 2025 de l’IATF à Alger restera comme un moment clé dans la concrétisation de la ZLECAf. En intégrant le PAPSS, elle donne au continent les moyens de ses ambitions : un commerce intra-africain plus fluide, plus rapide et plus souverain.

La route est encore longue, mais la direction est tracée : celle d’une Afrique unie, moderne et inclusive. En misant sur des solutions africaines pour des défis africains, le continent démontre sa capacité à construire un avenir prospère, porté par la vision de leaders comme Kanayo Awani et Benedict Okey Oramah.

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