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L’Algérie, doit-elle redouter un cessez-le-feu en Ukraine début 2026 ?

Par Samy Injar 18 décembre 2025

Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine s’apprête à entrer dans une cinquième année, plusieurs signaux diplomatiques convergents laissent entrevoir l’hypothèse d’un cessez-le-feu au début de 2026 sur la base du plan américain aménagé . Pressions économiques, lassitude militaire, médiations discrètes et réalignements stratégiques internationaux nourrissent ce scénario. Si un arrêt des combats ne signifierait pas la fin immédiate du conflit politique, il poserait néanmoins une question centrale : quelles en seraient les conséquences économiques mondiales — et, plus spécifiquement, pour l’Algérie, parmi les bénéficiaires indirectes de la guerre depuis 2022 ?

Un choc mondial en 2022, et son possible effet miroir

Le déclenchement de la guerre en février 2022 a constitué le plus grand choc géoéconomique du 21e siècle hors pandémie. Explosion des prix de l’énergie, flambée des céréales, perturbations logistiques, retour de l’inflation dans les économies avancées : le conflit a profondément déséquilibré les marchés mondiaux. L’Europe, en particulier, a brutalement pris conscience de sa dépendance au gaz russe, déclenchant une recomposition accélérée de ses approvisionnements.

Un cessez-le-feu aurait mécaniquement un effet inverse, sans être parfaitement symétrique. La détente géopolitique réduirait les primes de risque sur les marchés de l’énergie, des matières premières agricoles et du fret. Les exportations ukrainiennes de céréales et le retour plus fluide des flux russes d’énergie, d’engrais et de métaux exerceraient une pression baissière sur les prix mondiaux. Résultat attendu : désinflation partielle, baisse de la volatilité et normalisation progressive des chaînes d’approvisionnement. Mais cette normalisation aurait aussi des perdants.

Pour l’Algérie, entre fin de rente et gains indirects

Pour l’Algérie, un cessez-le-feu en Ukraine serait économiquement ambivalent. Le principal risque est clair : la fin progressive de la rente énergétique exceptionnelle générée par la guerre. Depuis 2022, la flambée des prix du gaz et du pétrole a renforcé les recettes de Sonatrach, consolidé la balance des paiements et offert à l’État une sursis budgétaire après le contre choc pétrolier de 2014-2016. Un apaisement du conflit pèserait sur les prix, notamment du gaz européen, sans pour autant augmenter significativement les volumes exportés par l’Algérie, déjà proches de leurs capacités.

À l’inverse, certains effets seraient positifs. La baisse des prix mondiaux des céréales et des engrais allégerait la facture d’importation alimentaire et réduirait l’inflation importée, un enjeu social important. Par contre, un recul des prix de l’acier et des matériaux de construction, produits en excédents destinés à l’exportation rognerait sur les revenus d’exportation sans réduire le coût des investissements publics. Au final, les gains que peut  générer le silence des armes en Ukraine restent diffus, tandis que la perte de revenus énergétiques est immédiate et budgétairement sensible dans le mois qui suive raient un cessez le feu.

Un avantage stratégique mal exploité face à l’Europe

L’Algérie pourrait continuer à bénéficier, même après un cessez-le-feu,  d’un effet durable de la guerre : la perte de confiance structurelle de l’Europe envers la Russie. La diversification énergétique européenne ne sera pas annulée du jour au lendemain. Le gaz russe restera politiquement toxique pour longtemps, offrant aux fournisseurs alternatifs — dont l’Algérie notamment avec l’électricité et l’hydrogène verts — une fenêtre stratégique prolongée.

Or, c’est précisément sur ce terrain que le constat est le plus critique. L’Algérie ne semble pas avoir inscrit sa diplomatie économique dans cette perspective de long terme. Jamais ses relations avec l’Union européenne n’ont été aussi dégradées, entre tensions politiques, contentieux commerciaux et retard a définir une vision énergétique partagée. À l’heure où l’Europe redéfinit durablement ses partenariats, l’Algérie risque d’aborder l’après-guerre ukrainienne sans avoir consolidé sa position de fournisseur et de partenaire historique clé de l’Europe.

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