L’Algérie maintient sa position de leader continental dans le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL), mais fait face à une concurrence croissante et à des défis opérationnels qui remettent en question sa domination historique sur le marché africain.
Selon les données de la plateforme spécialisée Attaqa, “8 pays africains possèdent 75 millions de tonnes annuelles de capacités de liquéfaction de gaz”, avec l’Algérie qui “domine l’Afrique en termes de capacité de liquéfaction avec 25,3 millions de tonnes par an”. Cette position de tête place le pays bien au-dessus de ses concurrents directs, notamment le Nigeria qui “occupe la deuxième place avec une capacité de production atteignant 22,2 millions de tonnes par an”.
L’infrastructure algérienne de liquéfaction repose sur quatre installations principales gérées par Sonatrach, réparties entre Arzew et Skikda. Les complexes d’Arzew regroupent les unités GL1Z et GL2Z, équipées respectivement de six unités de production chacun, générant 7,9 et 8,2 millions de tonnes annuelles. Le complexe GL3Z contribue avec une unité produisant 4,7 millions de tonnes, tandis que Skikda ajoute 4,5 millions de tonnes à travers une seule unité de production.
Un marché africain en pleine restructuration
Le paysage énergétique africain connaît une transformation profonde. Les huit pays qui composent l’épine dorsale du GNL continental représentent “près de 15% de la capacité mondiale totale de 492 millions de tonnes par an en 2024”, selon les données d’Attaqa. Cette proportion devrait évoluer significativement, les projections indiquant que “la capacité de liquéfaction de gaz en Afrique pourrait représenter 19% du total de la capacité mondiale de liquéfaction de 1,004 milliard de tonnes par an d’ici 2050”.
L’émergence de nouveaux acteurs bouleverse les équilibres établis. Le projet Tortue Ahmeyim, qui “renforce les ambitions de la Mauritanie et du Sénégal dans l’exportation de gaz liquéfié”, symbolise cette dynamique. Depuis le début de 2025, ce projet offshore a porté la capacité africaine totale à 77,3 millions de tonnes annuelles, ajoutant 2,3 millions de tonnes à la production continentale.
Une position fragilisée par les difficultés d’exportation
Malgré sa capacité installée supérieure, l’Algérie fait face à des difficultés qui affectent ses performances d’exportation. Le rapport d’Attaqa révèle que “les exportations des pays africains de gaz liquéfié ont diminué à 38,85 millions de tonnes en 2024, contre 41,32 millions en 2023”. Cette tendance baissière s’est accentuée durant le premier trimestre 2025, avec des volumes tombant à 8,88 millions de tonnes contre 9,93 millions sur la période équivalente de 2024.
Cette situation s’explique notamment par “la conversion de l’Égypte vers l’importation et la baisse des exportations algériennes”, comme le souligne l’analyse d’Attaqa. Paradoxalement, durant le premier trimestre 2025, le Nigeria a pris les devants avec 3,43 millions de tonnes exportées, reléguant l’Algérie au second rang avec 2,24 millions de tonnes.
Les contraintes techniques pèsent également sur les performances algériennes. Les exportations de GNL du pays ont reculé, s’établissant à 509 millions de mètres cubes en janvier 2025 contre 1,4 milliard un an plus tôt, principalement en raison de travaux de maintenance sur les sites de production.