Un mois après la publication du rapport de la Banque mondiale fin avril, les prévisions de baisse de 12% des prix des matières premières en 2025 et de 5% supplémentaires en 2026 confirment les défis budgétaires pour l’Algérie, économie dépendante des hydrocarbures.
Quatre semaines après la publication du dernier rapport de la Banque mondiale sur les matières premières, les données confirment une tendance baissière durable pour l’économie algérienne. L’institution financière internationale maintient ses prévisions selon lesquelles “les prix mondiaux des produits de base, dont le pétrole et le gaz, devraient diminuer de 12% en 2025 et de 5% supplémentaires en 2026, atteignant leur plus bas niveau depuis 2020 en termes nominaux”. Cette évolution résulte du ralentissement de la croissance économique mondiale et d’une offre pétrolière abondante, renforcée par l’adoption accélérée des véhicules électriques, particulièrement en Chine qui réduit structurellement la demande mondiale de pétrole.
Pour l’Algérie, dont les recettes d’exportation reposent massivement sur les hydrocarbures, ces projections se traduisent par une pression directe sur les finances publiques. La Banque mondiale table sur un prix du Brent autour de 64 dollars le baril cette année, puis 60 dollars en 2026, soit une baisse significative par rapport aux niveaux de 2024. Ces niveaux représentent même “en dessous de la moyenne de 2015-2019 en termes réels”, précise le rapport. L’institution souligne que “deux économies en développement sur trois seront impactées négativement par cette baisse prolongée des prix des matières premières”, plaçant l’Algérie parmi les pays les plus exposés à cette conjoncture défavorable.
Une volatilité inédite complique la planification budgétaire
Au-delà de la tendance baissière, la Banque mondiale alerte sur une volatilité des marchés de matières premières “inédite depuis les années 1970”. Cette instabilité, alimentée par les tensions géopolitiques, les conflits internationaux et la transition énergétique mondiale, complique la planification budgétaire algérienne. Le rapport indique que cette volatilité “pourrait devenir la norme dans une ère marquée par les tensions géopolitiques, les conflits, les risques climatiques et la transition énergétique”, contraignant les autorités algériennes à réviser leurs approches de gestion macroéconomique.
Cette évolution présente néanmoins certains aspects positifs à court terme. La diminution des prix des matières premières contribue à contenir l’inflation mondiale, bénéficiant à l’Algérie où l’inflation devrait reculer à 3,7% cette année selon le FMI, après avoir atteint un pic en 2023. Cette modération des prix allège la pression sur les ménages algériens et renforce la confiance des investisseurs. Par ailleurs, la baisse prévue des prix des denrées alimentaires de 7% en 2025 et 1% en 2026 devrait réduire la facture des importations alimentaires du pays, allégeant ainsi la pression sur la balance commerciale.
Les prix des métaux industriels devraient également reculer, affectant potentiellement les exportations hors hydrocarbures si l’Algérie parvient à diversifier son économie dans ces secteurs. Cette situation souligne l’urgence de repenser le modèle économique national pour réduire la dépendance aux fluctuations des marchés internationaux.
L’urgence des réformes structurelles
Face à cette nouvelle donne confirmée par le rapport d’avril, la Banque mondiale formule des recommandations précises pour les économies en développement dépendantes des matières premières. L’institution préconise de “rétablir la discipline budgétaire, créer un environnement plus favorable aux entreprises pour attirer les capitaux privés, et libéraliser le commerce chaque fois que possible”. Ces orientations prennent une résonance particulière pour l’Algérie dans le contexte actuel de baisse durable des cours.
Pour l’Algérie, ces recommandations se traduisent concrètement par l’accélération de la diversification économique, l’augmentation de la productivité et l’attraction d’investissements directs étrangers. La Banque mondiale insiste particulièrement sur l’importance de “verdir les processus industriels” pour maintenir la compétitivité face à la décarbonation mondiale et aux nouveaux mécanismes européens comme l’ajustement carbone aux frontières (CBAM).