Dans une décision qui marque un nouveau pallier dans la détérioration des relations franco-algériennes, les autorités algériennes ont annoncé mercredi 20 mars l’interdiction formelle de toute aide française destinée aux écoles privées sur leur territoire. Cette mesure s’inscrit dans un contexte plus large de redéfinition de la politique éducative algérienne et de distanciation progressive vis-à-vis de l’ancien système colonial.
Cette interdiction ne constitue pas une surprise. Elle fait suite à une série de mesures prises ces dernières années par Alger pour limiter l’influence française dans son système éducatif. En octobre 2023 déjà, l’Algérie avait interdit aux écoles privées de dispenser le programme français et de préparer au baccalauréat français, les obligeant à se conformer strictement au programme national arrêté par le ministère de l’Éducation nationale algérien.
Des enjeux financiers limités mais symboliques
Selon les chiffres publiés en février dernier par l’ambassade de France en Algérie, l’aide publique au développement française destinée à l’Algérie s’élevait à 132 millions d’euros en 2022. Sur ce montant, 121 millions d’euros étaient alloués aux ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, principalement pour financer des bourses d’études pour les étudiants algériens en France, tandis que 8,5 millions d’euros étaient destinés à la coopération culturelle et scientifique via l’ambassade de France et l’Institut français d’Algérie.
Si la part spécifiquement destinée aux écoles privées n’a pas été précisée, les experts s’accordent à dire que l’impact financier direct sera limité. C’est davantage la portée symbolique qui importe dans cette décision.
Cette interdiction s’inscrit également dans une stratégie plus large de diversification des partenariats internationaux de l’Algérie en matière d’éducation. Depuis 2022, le pays a introduit l’enseignement de l’anglais dans les écoles primaires, alors que seul le français était enseigné comme langue étrangère auparavant.
Pour les établissements privés qui s’appuyaient en partie sur cette aide française, l’adaptation sera nécessaire. Certains devront revoir leur modèle économique ou rechercher d’autres sources de financement.
Quant aux familles qui privilégiaient ces établissements pour l’accès au système éducatif français, elles devront s’adapter au programme national algérien. Cette transition, déjà amorcée depuis l’interdiction des programmes français en 2023, pourrait s’avérer délicate pour certains élèves, particulièrement ceux qui envisageaient de poursuivre leurs études supérieures en France.