La Conférence des Parties (COP30) se tiendra en novembre 2025 à Belém, au cœur de l’Amazonie brésilienne. Ce rendez-vous marquera une étape cruciale pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Pourtant, près de dix ans après avoir déposé sa première et unique Contribution Déterminée au niveau National (CDN ou NDC), l’Algérie n’a toujours pas actualisé son plan climatique. Un silence remarqué qui interroge sur la place du pays dans la dynamique mondiale de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une longue inertie climatique
L’Algérie a soumis sa première NDC en 2016, précisant un objectif de réduction d’émissions de 7 à 22 % d’ici 2030 selon le niveau de soutien international. Depuis, aucun document actualisé n’a été enregistré dans le registre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Selon les règles de l’Accord de Paris, chaque pays doit déposer une version révisée de sa contribution tous les cinq ans, avec un niveau d’ambition accru.
Cette absence de mise à jour ne constitue pas une violation formelle — l’Accord ne prévoit ni sanction ni contrainte juridique —, mais elle traduit un manque de réactivité politique et technique. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette désaffection : faible coordination institutionnelle, dépendance persistante aux hydrocarbures, absence de stratégie nationale de décarbonation et faible pression diplomatique sur les États non industrialisés.
Un système volontaire sous pression
Le mécanisme des NDC est le cœur du dispositif onusien. Chaque État définit librement ses objectifs et les dépose auprès du secrétariat de la CCNUCC. Tous les cinq ans, un « bilan global » (global stocktake) évalue collectivement la trajectoire mondiale. Ce système repose sur la transparence et la pression par les pairs : aucune autorité ne peut imposer des objectifs contraignants.
Ce modèle de gouvernance « souple » favorise l’adhésion universelle mais limite l’efficacité : les États doivent préparer, communiquer et maintenir leurs NDC, mais rien ne les oblige à les respecter ou à les actualiser à temps. En 2025, seuls une cinquantaine de pays sur près de deux cents ont soumis leur NDC dite « 3.0 », censée aligner les politiques nationales sur les cibles 2035.
L’Algérie n’est pas seule
L’Algérie rejoint une liste hétérogène de pays en retard : l’Égypte, le Maroc, la Tunisie, mais aussi plusieurs États d’Asie centrale et du Golfe n’ont pas transmis leur nouvelle contribution avant la date limite de septembre 2025 fixée pour la préparation du rapport de synthèse de la CCNUCC. Ce retard collectif reflète les tensions entre contraintes économiques, transition énergétique et faiblesse des institutions climatiques nationales.
Si l’Algérie reste techniquement Partie à l’Accord de Paris, son absence de communication fragilise sa crédibilité dans les négociations et réduit sa capacité à capter les financements climatiques ou les partenariats technologiques liés à la décarbonation.
L’Amazonie, symbole et test politique
La COP30 se tiendra dans une région emblématique : l’Amazonie, poumon de la planète et zone critique de la lutte contre la déforestation. Le Brésil, hôte de la conférence, entend en faire un moment de relance de l’ambition mondiale et de validation des nouvelles NDC couvrant la période jusqu’en 2035.
L’enjeu pour les pays comme l’Algérie est double : prouver leur engagement à actualiser leurs stratégies nationales et démontrer que la transition énergétique ne se réduit pas aux pays du Nord. Faute de signal politique clair avant Belém, l’Algérie risque de rester en marge d’une dynamique mondiale qui, même sans contrainte légale, façonne déjà les flux financiers, les investissements et les alliances économiques du futur bas-carbone.