Ce lundi matin, le Brent s’affichait à 62,36 dollars vers 8h30. Un chiffre en léger repli, mais qui résume surtout l’enlisement actuel du marché pétrolier. Depuis la mi-novembre, le baril oscille entre 61 et 63 dollars sans vraiment décoller. Toute la matinée, les cours ont tourné autour de cette fourchette étroite, dans une ambiance d’attente.
L’offre mondiale reste élevée, les spéculateurs hésitent, et les opérateurs gardent un œil sur l’OPEP+ qui doit se prononcer prochainement. Mais selon l’analyste Tony Sycamore, cité par le site Attaqa, la pression sur les prix s’explique surtout par un autre facteur : les efforts du président Trump pour aboutir à un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine. Les marchés anticipent déjà qu’un tel accord pourrait rapidement libérer d’importantes quantités de pétrole russe, actuellement bloquées par les sanctions.
Des millions de barils russes dans l’équation
Les sanctions américaines contre Rosneft, le géant pétrolier russe, ont déjà immobilisé près de 48 millions de barils de brut en mer. Trump a fixé une échéance pour parvenir à un accord, même si les dirigeants européens cherchent encore à l’améliorer. Si un compromis se dessine, les sanctions pourraient être levées, et la Russie, deuxième producteur mondial de pétrole derrière les États-Unis en 2024 selon l’administration américaine de l’énergie, reviendrait en force sur le marché.
Cette perspective pèse plus lourd dans les esprits que les perturbations à court terme causées par les sanctions actuelles. Les opérateurs raisonnent déjà sur un afflux potentiel de brut russe, ce qui maintient les prix sous pression.
L’incertitude autour des taux d’intérêt américains ajoute une couche supplémentaire de volatilité. Les investisseurs restent prudents, mais les déclarations de John Williams, président de la Réserve fédérale de New York, laissent entrevoir une possible baisse des taux à court terme. Selon Sugandha Sachdeva, fondateur de la société de recherche SS WealthStreet basée à New Delhi, cité par Attaqa, une baisse des taux en décembre pourrait rééquilibrer le sentiment baissier en stimulant l’appétit pour le risque au niveau mondial.
Un prix qui compte pour Alger
Pour l’Algérie, le Brent sert de référence pour fixer le prix du Sahara Blend exporté par Sonatrach. Les hypothèses budgétaires du pays reposent depuis plusieurs années sur un baril au dessus de 60 dollars. Quand le cours frôle ce seuil, les recettes de l’État risquent de décrocher.
D’ailleurs, le projet de loi de finances 2026 adopté il y a quelques jours repose sur un prix du baril de 60 dollars, et un baril installé durablement sous les 63 dollars compliquerait l’équation budgétaire. D’autant que l’économie algérienne dispose de peu de marges pour absorber un choc sur les revenus pétroliers.
Sachdeva rappelle d’ailleurs que les prix du brut ont déjà chuté de 17 % cette année, reflétant un sentiment de marché durablement négatif. Mais à ces niveaux, estime-t-il, des achats opportunistes pourraient progressivement émerger.
À court terme, tout se jouera sur plusieurs fronts : les annonces attendues de l’OPEP+, l’évolution des négociations russo-ukrainiennes, et les décisions de la Fed sur les taux. Les marchés réagissent vite, et n’importe quel signal peut faire bouger les lignes.





