Ce matin encore, les cours du brut donnent l’impression de tourner en rond. À 63,03 dollars le baril pour le Brent de janvier 2026 (-0,50 % à 05h35 GMT) et 58,56 dollars pour le WTI (-0,48 %), on est loin d’un marché sûr de lui. Les prix ne s’effondrent pas, mais ils n’arrivent pas non plus à retrouver un vrai appui. C’est le genre d’ambiance où chaque annonce politique pèse plus lourd qu’un million de barils.
La veille, les deux références avaient lâché plus d’1,3 %. Pas de mystère : les discussions autour d’un possible accord de paix entre la Russie et l’Ukraine agitent les traders. La question n’est plus seulement “y aura-t-il un accord ?” mais “combien de pétrole russe reviendrait alors sur le marché ?”. Car une levée partielle aussi partielle soit-elle, des sanctions occidentales pourrait remettre en circulation des volumes aujourd’hui bloqués. Et dans un marché déjà bien fourni, l’idée suffit à peser sur les prix.
Pourtant, ce n’est pas la Russie seule qui tire les ficelles. La toile de fond est moins romanesque : l’offre mondiale risque de dépasser la demande en 2026. Plusieurs analyses convergent désormais dans ce sens. Priyanka Sachdeva, de Phillip Nova, résume l’humeur du moment : “le vrai risque à court terme, c’est le surplus. À ces niveaux, les prix restent vulnérables”.
L’impact des sanctions occidentales continue d’ailleurs de se diffuser. Les géants russes Rosneft et Lukoil voient certains clients s’éloigner. En Inde, par exemple, la raffinerie Reliance a réduit ses achats de brut russe. Moscou tente donc de réorienter ses flux vers la Chine. Le vice-premier ministre Alexander Novak l’a confirmé à Pékin : les deux pays discutent pour augmenter les volumes.
Mais même ces redéploiements ne changent pas le problème central : l’offre mondiale reste trop abondante. Dans une note publiée lundi, Deutsche Bank anticipe un excédent d’au moins deux millions de barils par jour en 2026, sans retour à un déficit avant 2027. Autant dire que même un apaisement géopolitique ne suffirait pas à inverser la tendance.
C’est cette perspective d’un marché faible l’an prochain qui semble désormais l’emporter, plus que les incertitudes liées à la guerre. Même si un accord de paix soutiendrait temporairement les prix, sa conséquence logique, davantage de brut russe disponible, neutraliserait vite l’effet.





