Le Brent et le WTI ont terminé la semaine en baisse vendredi, dans des volumes faméliques typiques de l’après-Noël. Malgré les frappes américaines au Nigeria et le durcissement du blocus contre le Venezuela, les fondamentaux du marché restent fragiles.
Les prix du pétrole ont cédé 3% vendredi 27 décembre, enchaînant une deuxième séance de baisse consécutive. Le Brent a clôturé à 60,64 dollars le baril (-2,57%), le WTI américain à 56,74 dollars (-2,76%). Les deux références affichent malgré tout des gains hebdomadaires modestes de 0,3% et 0,14%.
Les volumes d’échanges sont restés limités entre Noël et le Nouvel An. Mais au-delà du calendrier, le baril peine à se redresser malgré une actualité géopolitique normalement favorable aux cours.
Washington a notamment mené des frappes aériennes contre l’État islamique dans le nord-ouest du Nigeria cette semaine. Le pays produit environ 1,4 million de barils par jour, principalement dans le delta du Niger au sud. Ces raids militaires auraient dû soutenir les prix. Ce ne fut pas le cas.
Plus préoccupant encore, Donald Trump a ordonné lundi dernier un « blocus » des exportations pétrolières pour deux mois minimum. L’administration américaine privilégie la pression économique pour contraindre Caracas. Le président a même évoqué la possibilité de conserver ou revendre le brut saisi en mer ces dernières semaines. Le Venezuela exporte encore environ 800 000 barils quotidiens, essentiellement vers la Chine.
Des perturbations d’offre sans effet sur les cours
Deux producteurs majeurs subissent des pressions, et le baril descend quand même. L’explication tient aux anticipations. Les investisseurs anticipent un marché excédentaire en 2026. L’offre mondiale devrait dépasser la demande selon la plupart des analystes. Dans ce contexte, même les risques d’approvisionnement ne suffisent pas à inverser la tendance.
Cité par le site spécialisé Attaqa, Tong Chuan, de Galaxy Futures, l’a souligné : « L’activité de marché en fin d’année reste faible, et les perturbations du côté de l’offre sont devenues le principal moteur des prix ». Les fondamentaux de demande sont jugés trop fragiles pour justifier une hausse durable.
D’autres facteurs viennent conforter cette vision baissière. Le Kazakhstan va réduire d’un tiers ses exportations via l’oléoduc de la Caspienne en décembre, après qu’un drone ukrainien a endommagé le terminal principal. Ces volumes tomberont à leur plus bas niveau depuis octobre 2024. Là encore, cette contraction d’offre ne redresse pas les cours.
Le pire bilan annuel depuis la pandémie
Cette faiblesse s’inscrit dans une tendance de fond. Le Brent et le WTI se dirigent vers leur pire performance annuelle depuis 2020, avec des pertes respectives de 16% et 18% sur l’ensemble de 2025. Ces chiffres rappellent l’effondrement lié à la pandémie.
Mais le contexte diffère radicalement. La demande n’a pas chuté brutalement. C’est l’offre qui a progressé. Les producteurs américains ont augmenté leur extraction. L’OPEP+ n’a pas imposé de discipline suffisante. Le résultat : un marché structurellement déséquilibré.
Certes, les deux références avaient rebondi de 6% depuis le 16 décembre, quand elles avaient atteint leurs planchers de cinq ans. Ce rebond ressemble davantage à un ajustement technique qu’à un retournement durable.
Les opérateurs attendent désormais les statistiques de l’Agence américaine d’information sur l’énergie, prévues lundi avec un jour de retard. Ces données de stocks fourniront des indications sur la demande réelle du premier consommateur mondial. En attendant, le marché reste coincé entre des risques géopolitiques réels mais insuffisants, et des fondamentaux structurels défavorables. Tant que ce déséquilibre persistera, le baril aura du mal à retrouver durablement les 70 dollars.