Le Mouloudia Club d’Alger (MCA) ne va pas renouveler le contrat avec Puma, son équipementier depuis six ans. Le club algérois, en passe de conquérir son 9e titre de champion d’Algérie le week end prochain, négocie depuis plusieurs mois avec la marque chinoise Peak. Ce choix stratégique, présenté comme une diversification des partenariats, divise les supporters.
Peak, une marque loin d’être inconnue
La controverse ne vient pas d’un manque de notoriété de la marque Peak. Fondée en 1989 et cotée à la Bourse de Hong Kong, Peak est bien implantée dans le sport mondial : NBA, FIBA, football, tennis. Elle a équipé Tony Parker, Jason Kidd, et d’autres stars. Son image innovante et sa fiabilité en font un concurrent crédible face aux géants occidentaux. Si sa notoriété est, elle, plus assise, Puma souffre de ne pas avoir totalement assuré ses engagements contractuels. Le MCA lui reproche de graves manquements. En 2023-2024, puis dans la saison en cours, en pleine euphorie des supporters, Puma n’a pas assuré l’approvisionnement en maillots. Ruptures de stock, prix excessivement chers, frustration, colère ; un échec d’autant plus marquant que la demande était au plus haut.
L’ombre d’Israël sur Peak
La polémique autour de Peak vient d’ailleurs. Sa relation avec Israël alimente les débats. L’ancien dirigeant Djamel Rachedi dénonce : « Peak a été sponsor de l’équipe nationale israélienne de basketball. » Effectivement, entre 2017 et 2022, la marque a habillé cette sélection avant d’être remplacée par Nike. Pour une partie des supporters, ce lien rend Peak inacceptable. Ses défenseurs rétorquent que cette collaboration a cessé depuis 2022 et rappellent que Peak a aussi équipé la délégation algérienne pour les JO de Paris. Une polémique avait néanmoins éclaté, déjà à l’été 2024, sur les couleurs des tenues de parade, jugées trop proches de celles du drapeau israélien.
Les partisans de la venue de Peak rappelle à juste titre que Puma également était exposée à la même réserve. La marque allemande a été visée par la campagne BDS pour ses liens avec des clubs de colons en Cisjordanie. Sous pression, elle y a mis fin. L’affaire rappelle que les contrats d’équipementiers ne sont jamais neutres : l’économique se mêle souvent au politique.
Un accord quasi acté
Malgré la contestation, l’arrivée de Peak pour équiper le MCA semble inévitable. La dynamique chinoise est en marche du côté du club le plus populaire du pays. Le premier sponsor maillot est le géant de l’électroménager Hisense. La marque Peak a déjà collaboré avec le Comité olympique algérien, ce qui lui donne une couverture sur le marché local. Son offre est surtout plus avantageuse : équipement gratuit pour toutes les catégories, deux stages annuels, dont un en Chine pour l’équipe fanion. Puma, lui, faisait payer les tenues des jeunes catégories.
Peak vise une implantation durable en Algérie, où le marché en émergence de l’habillement sportif devient très concurrentiel. Avec un potentiel pas loin du demi million de maillots non contrefaits vendus par saison, le MCA voit dans ce partenariat un levier pour renforcer sa visibilité et diversifier ses revenus. Mais la polémique autour d’Israël pourrait bien continuer de hanter ce nouveau chapitre.