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Le confinement en Algérie frappe de plein fouet les travailleurs journaliers

Par Maghreb Émergent
9 avril 2020
Le confinement en Algérie frappe de plein fouet les travailleurs journaliers

Les travailleurs journaliers que Maghreb Émergent a rencontrés ont assuré avoir des dettes chez leurs clients mais qu’ils n’osaient pas demander leur argent comprenant la difficulté de la situation pour tout le monde.

L’épidémie du Covid-19, a impacté lourdement tous les pays du monde provoquant un choc économique majeur, qui a touché également l’Algérie.

En plus de la conjoncture difficile dans laquelle se trouvent les grandes entreprises publiques et privées, le confinement instauré pour faire face à l’épidémie du coronavirus a frappé de plein fouet les travailleurs journaliers, qui n’arrivent pas à prendre en charge leurs familles ni à assurer leurs propres dépenses individuelles.

Interrogés par Maghreb Émergent, plusieurs travailleurs journaliers ont témoigné de la difficulté de leur situation financière, depuis l’instauration du confinement en Algérie.

Abdellah, un père de famille qui travaille dans le domaine de la soudure, était sollicité assez souvent et arrivait à prendre en charge sa petite famille. Mais depuis le mois de mars, il n’a reçu pratiquement aucune commande.

« Le marché est au point mort. Je n’arrive pas à répondre aux rares clients qui me sollicitent encore, car les produits nécessaires à mon travail ne sont plus vendus », a-t-il regretté.

« Cela devient de plus en plus difficile, je n’ai pas une autre source financière que mon travail de journalier. Mon fils aîné de 26 ans travaille, mais perçoit un salaire modeste », nous raconte Abdellah.

« Mon fils a fait des courses pour nous avec son dernier salaire. Mais le problème c’est qu’il a une maladie chronique et n’a pas de quoi acheter son traitement ce mois-ci ! Ça me fait mal de voir mon fils sans médicaments, sans pouvoir lui venir en aide », dit-il avec tristesse, avant d’ajouter; « je vais devoir emprunter de l’argent pour son ordonnance ».   

Mustapha, 40 ans et père de trois enfants dont deux nourrissants, possède une petite camionnette et fait de la collecte des déchets plastiques pour les revendre aux industriels du recyclage. Il a arrêté son activité le 14 mars 2020, soit le jour où il a suivi le discours alarment du Premier ministre britannique, dans lequel a prédit une catastrophe dont « beaucoup de familles vont perdre des êtres chers à eux ». Un discours qui lui a fait peur, pour sa santé et celle de ses enfants et de ses parents avec lesquels il vit.

« J’ai arrêté mon travail. C’était un peu gérable au début sur le plan financier car j’avais des économies. Mais au bout d’une dizaine de jours, les choses sont devenues de plus en plus difficiles », raconte Mustapha.

« Actuellement je n’ai plus un sou. Je prends quelques produits au crédit chez l’épicerie du quartier. Le souci est qu’il y a un seul membre de ma famille qui travaille, et nous avons beaucoup de dépenses, notamment avec le lait des enfants », ajoute-t-ilavec beaucoup d’inquiétude. « Je suis obligé de reprendre mon travail dès samedi prochain malgré le danger ».

« J’ai prêté de l’argent à plusieurs personnes, mais je ne peux pas le récupérer dans cette situation, où la majorité des Algériens est face à des problèmes financiers », poursuit-il.

Les travailleurs journaliers que Maghreb Émergent a rencontrés ont assuré avoir des dettes chez leurs clients mais qu’ils n’osaient pas les demander par solidarité. Pour eux, il est inhumain de mettre la pression sur les autres dans les conditions actuelles.   

Les salons de coiffures ont eux aussi baissé leurs rideaux. Besma, coiffeuse, a gelé son activité depuis le 15 mars. Elle avait décidé de rester chez elle bien avant la décision officielle imposant le confinement. Besma, qui vit avec sa maman, arrive à dépasser la crise avec la petite retraite de sa mère.

« Je ne peux plus contribuer aux dépenses de la maison et je fais carrément appel à ma mère pour mes dépenses personnelles », confie la jeune coiffeuse. « Le problème qui se pose est celui du payement du loyer des locaux. La période où nous travaillons le plus est celle des mois de mars et avril. Là, nous avons raté ces deux mois. Même si on reprend le boulot bientôt, ça sera le mois de ramadan où il n’y a pratiquement pas de travail. Ainsi beaucoup de salons de coiffures vont mettre la clef sous le paillasson », déplore-t-elle.

Si Besma parvient à faire face aux difficultés, ce n’est pas le cas d’une autre coiffeuse que nous avons rencontrée. Avec un mari chômeur et quatre enfants à charge, elle nous confie que depuis la fermeture de son salon et le loyer qu’elle doit payer le mois de juin prochain, elle fermera définitivement son salon.

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