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Finances

Le gouverneur de la Banque d’Algérie alerte sur la vulnérabilité de la situation financière du pays

Par Yazid Ferhat 23 mars 2016

Le Gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Laksaci a présenté mardi à l’Assemblée Populaire Nationale (APN) les évolutions économiques et monétaires du pays en 2014 et 2015, et a insisté sur le caractère « vulnérable » de la situation financière du pays face aux chocs externes. Il s’exprimait lors d’une séance plénière présidée par le président de l’APN M. Larbi Ould Khelifa.

 

La baisse des prix mondiaux de pétrole, traduite par un recul du baril algérien à 55,76 dollars en moyenne durant les neufs premiers mois de 2015 contre 106,65 dollars/baril pour la même période de 2014, a fortement impacté les ressources du Trésor algérien, a souligné M. Laksaci.

Ces ressources ont, en effet, subi une érosion de l’ordre de 1.972,8 milliards de dinars (mds DA) entre fin septembre 2014 et fin septembre 2015, soit une réduction de 40,4 % en l’espace d’une année seulement, après plusieurs années d’épargne budgétaire soutenue, souligne-t-il.

C’est que les exportations d’hydrocarbures ont chuté à 25,79 milliards de dollars (mds USD) au cours des neuf premiers mois de 2015 contre 46,86 mds USD une année auparavant. Cette contraction de 45% de la valeur des exportations d’hydrocarbures, associée à une baisse de 3% des quantités exportées,  « confirme l’ampleur du choc externe qui pèse sur l’économie nationale, très vulnérable à la ressource hydrocarbures »,  commente le gouverneur.

Les recettes de la fiscalité pétrolière ont de leur côté reculé à 1834,14 mds DA à fin septembre 2015 contre 2603,40 mds de DA au cours de la même période de 2014. Quant aux exportations hors hydrocarbures elles demeurent « structurellement faibles » avec à peine 1,09 md USD au cours des neuf premiers mois de 2015 .  Les importations se sont par ailleurs établies à 39,70 mds USD contre 45 mds USD au cours de la même période de comparaison.

Ainsi, le solde de la balance commerciale est passé d’un excédent de 2,93 mds USD au cours des neuf premiers mois de 2014  à un déficit de 12,82 mds USD cours de la même période de 2015. Le solde global de la balance des paiements affiche enfin un déficit de 20,82 mds USD au cours des neuf premiers mois de 2015 contre un déficit de seulement 3,02 mds USD durant la même période de l’année passée.

Une dépréciation de près de 20% du cours du Dinar

Ce déficit record a fait que les réserves officielles de change (hors or) se sont fortement contractées à 152,70 mds USD à fin septembre 2015 contre 159,03 mds USD à fin juin 2015 et 178,94 mds USD à fin décembre 2014.

Cette situation a induit une dépréciation de 19,57 % du cours moyen du dinar contre le dollar américain et de 2,16% par apport à l’euro. Cependant, la contraction des ressources financières n’a pas empêché la progression des crédits à l’économie qui ont cru de 13,35 % durant les trois premiers trimestres de 2015.

Les crédits accordés au secteur public ont atteint 3.865,3 mds DA (+14,28%) à fin septembre 2015, ceux accordés au secteur privé 3.058 mds de DA  (+12,5 %) alors que les crédits accordés aux ménages ont atteint 449,2 mds DA (+11,19%).

Mais le rythme d’expansion des crédits à l’économie ne semble pas pour autant « être soutenable sans recours de certaines banques au refinancement auprès de la Banque d’Algérie », a souligné M. Laksaci. A fin septembre 2015, la liquidité globale des banques s’est établie à 1.828 mds de DA contre 2.730,88 mds de DA à fin décembre 2014.

Chercher les causes de l’inflation

Pour ce qui est de l’inflation, elle a atteint 5,3 % en septembre 2015, un taux qui « ne peut s’expliquer par l’inadéquation de l’offre à la demande, ni par l’expansion de la masse monétaire, qui s’est accrue à un taux historiquement bas, ni par l’évolution des prix mondiaux des produits de base importés » relève le gouverneur.

Il convient alors, soutient-il, d’en « rechercher les causes profondes (de l’inflation) dans les dysfonctionnements du marché et notamment celui des produits agricoles frais, caractérisé par une traçabilité limitée des transactions et une faible régulation ».

Juste après la présentation du Gouverneur, les députés ont entamé les débats autour de la conjoncture financière et économiques du pays. Soixante-dix interventions sont programmées mardi et mercredi avant la réponse de M. Laksaci aux questions et préoccupations des députés.

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