Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, continue sa « course numérique » pour instaurer une gouvernance numérique dans les universités et supervise les travaux importants et les innovations digitales qui se réalisent partout dans les établissements universitaires du pays.
Le premier responsable du secteur de l’enseignement supérieur a probablement senti l’urgence de passer l’étape des slogans et des discours « trop optimistes » à celle des vraies réalisations du terrain pour moderniser un secteur déjà très en retard par rapport à ce qui se réalise ailleurs. Mais aussi, parvenir à convaincre les futurs diplômés qu’ils peuvent réaliser leurs projets et rêves dans leur pays.
Hier mardi 25 mars, le ministre a supervisé, au Centre de recherche sur l’information scientifique et technique (CERIST), le lancement de trois plateformes technologiques, marquant une nouvelle étape dans la stratégie nationale de souveraineté numérique. Il s’agit en effet d’un cloud computing souverain, d’un centre de conception/pilotage de drones et d’un incubateur hébergeant 20 startups.
Un cloud « made in Algeria » pour libérer l’innovation
Détaillant les enjeux, Baddari a souligné que la plateforme cloud, intégralement basée sur des logiciels open source (Linux, OpenStack, Kubernetes), permettra d’héberger des données sensibles nationales, de proposer des services informatiques haute vitesse et de sécuriser les infrastructures critiques.
Le ministre a estimé que « cette solution rivale des géants étrangers évite la dépendance technologique tout en respectant nos normes de cybersécurité ». Il a précisé également que les universités et les startups pourront y créer des « data centers virtuels » autonomes, sans exposer leurs données à des acteurs externes. Il faut noter dans ce contexte que cette solution est réalisée au niveau du CERIST, un des rares établissements possédant un centre de données d’une capacité importante.
Dans le même sillage, le volet drones, présenté comme un levier pour la recherche appliquée (agriculture, télécommunications, sécurité), sera couplé à un incubateur déjà opérationnel avec 20 projets innovants. « Ces outils matérialisent notre vision d’une université entrepreneuriale, connectée aux défis socio-économiques », a insisté le ministre.
Il y a urgence pour la transformation digitale des campus
Cette annonce intervient dans un contexte de transformation accélérée du secteur. Depuis 2022, le ministère a lancé plusieurs projets structurants , dont la dématérialisation des inscriptions universitaires, création de « cyber-campus » équipés de salles immersives (IA, réalité virtuelle), et déploiement de la plateforme nationale « EDU-NET » pour l’enseignement à distance, utilisée par plus de 1,5 million d’étudiants depuis la rentrée 2023. Parallèlement, 12 pôles universitaires ont intégré des « fab labs » dédiés à l’industrie 4.0, en partenariat avec des entreprises comme Huawei et Algérie Télécom.
Avec seulement 35 % des établissements qui disposent d’une couverture Wi-Fi complète (chiffres 2023) et un manque flagrant d’encadrement digital, le secteur de l’enseignement supérieur affiche une volonté de positionner l’écosystème académique algérien comme un hub d’innovation à l’échelle régionale et continentale. Le chemin reste long pour atteindre les normes des pays développés.