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Maghreb-

Le taux de chômage des jeunes au Maghreb est parmi les plus élevés au monde (experts)

Par Yacine Temlali
4 octobre 2017
Photo publiée sur : www.ilboursa.com.

Au Maghreb l’intégration régionale fait face à la « bulle » démographique des jeunes, parmi lesquels le taux de chômage reste très élevé. En Algérie, il a été estimé en 2016 à 27% (16 -24 ans), au Maroc, au 1er trimestre 2017, à 25,5% (15-24 ans) et en Tunisie, au 1er trimestre 2017, à près de 35% (16-24 ans).

 

  

Comment relever le défi de l’emploi des jeunes en Afrique du Nord ? Les experts intervenant à l’ouverture, hier mardi à Rabat, de la 32ème réunion du Comité intergouvernemental d’experts ont tenté d’apporter des réponses à un problème qui préoccupe les pays de la région, tant il freine les progrès sociaux réalisés dans les années 2000.

Selon les chiffres présentés par la secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe, le taux de chômage des jeunes en Afrique du Nord est parmi les plus élevés au monde. Il représente souvent le double du taux de chômage global.

En Algérie, le taux de chômage a été estimé en 2016 à 10,5% au niveau national mais le chômage des jeunes de 16 à 24 ans a atteint pratiquement 27%. Au Maroc, le taux de chômage est passé, entre le 1er trimestre 2016 et le 1er trimestre 2017, de 10,4% à 10,7% ; là aussi les taux de chômage les plus élevés sont enregistrés parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (25,5%). Une situation similaire est enregistrée en Tunisie où le chômage reste structurellement élevé, avec au 1er trimestre 2017, un taux de 15,3%, et un chômage des jeunes (16-24) à près de 35%.

 

« Une approche inclusive »

 

Pour Amal El Bishbishi,  experte auprès de la CEA, les gouvernements de la région doivent s’engager dans une  nouvelle approche inclusive et durable en matière de politique d’emploi pour transformer la « bulle démographique des jeunes » en un atout pour  l’économie grâce à des  programmes d’emploi plus ciblés.

Selon cette experte,  pour traduire sur le terrain cette nouvelle approche, il faudra lever beaucoup obstacles qui empêchent les jeunes d’accéder à des opportunités d’emplois décents. Le premier obstacle demeure l’inadéquation de la formation aux besoins du marché du travail. Ensuite, il faudra créer des emplois durables, car, souligne-t-elle, « il ne suffit pas d’investir, d’avoir de la croissance pour espérer la création d’emplois massifs et durables ».

La plupart des pays de l’Afrique du Nord exportent des richesses naturelles sans créer de la valeur. Ce qui « représente des pertes énormes en termes de création de richesses et de création de l’emploi », déplore, pour sa part, Mohamed Ali Deyahi, Directeur du Bureau de l’organisation internationale de travail (OIT) pour les pays du Maghreb. Pour lui,  l’objectif du plein emploi productif et décent pour tous doit être une priorité pour les pays de la région qui connaît le taux de participation au marché de l’emploi le plus faible au monde (43.1%) comparé à la moyenne mondiale (54.8%).

 « La croissance seule n’est pas la solution, ce qui compte ce sont des modèles de croissance intensifs en emplois qui réduisent les inégalités et promeuvent des sociétés plus inclusives », a-t-il souligné, recommandant de s’affranchir du carcan  de ce qu’il appelle les « économies sous-sol » en faveur d’« économies sur le sol » industrialisées et diversifiées qui créent de la valeur ajoutée et, par ricochet, des emplois durables.

 

Le gisement de l’intégration régionale

 

Mohamed Ali Deyahi avance également la piste l’intégration régionale qui va à coup sûr stimuler la création d’emplois.   « Il y a un gisement énorme en matières de création de richesse par le biais de l’intégration économique », a-t-il affirmé. Selon lui,  chaque fois que l’Afrique du Nord fait 1% de plus d’échanges intra-régionaux, cela représente  1 milliard de dollars en valeur monétaire.

Une idée que partage le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA), Taieb Baccouche. «  L’intégration régionale au Maghreb permettra d’avoir  un  marché de  plus de 100 millions de consommateurs. Ce qui dynamisera les économies de  l’Afrique du Nord et  engendrera davantage d’investissements productifs et, par conséquent, davantage d’emplois », a-t-il expliqué.

La secrétaire générale de la CEA va plus loin dans cette approche. Pour elle,  l’établissement d’une zone de libre-échange continentale de plus d’un milliard de consommateurs va stimuler les économies de la région et permettra la création d’emplois durables pour les jeunes.

 

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