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Internationale

Le WWF tire la sonnette d’alarme: La Méditerranée est en rapide déclin

Par Maghreb Émergent
27 septembre 2017

 

 Attention danger immédiat! La mer méditerranée qui fait vivre 150 millions d’individus est menacée, ses richesses connaissent un déclin rapide, alerte le Fonds mondial pour la nature (WWF) à la veille de la conférence internationale « Our Ocean » à Malte les 5 et 6 octobre 2017.

 

 

 « La mer Méditerranée représente seulement 1% de la surface océanique mondiale, mais est à l’origine de 20% de la production marine du monde. Cependant cette richesse dépend d’un patrimoine qui se dégrade rapidement, a constaté le Fonds Mondial pour la Nature (WWF), dans un rapport produit en collaboration avec le Boston Consulting Group (BCG), publié, mercredi.

 Ce constat alarmant que dresse le WWF intervient à quelques jours de l’ouverture de la conférence internationale « Our Ocean », qui sera organisée par l’Union Européenne, les 5 et 6 octobre à Malte.

Avec ses 46 000 km de littoral, la mer Méditerranée fait vivre 150 millions d’individus. Le rapport du WWF intitulé « Relancer l’économie de la mer Méditerranée: les actions pour un futur durable » montre que la mer Méditerranée joue un rôle fondamental dans l’économie de la région mais que le patrimoine naturel de la mer – qui soutient une grande partie de l’économie et contribue au bien-être de la communauté – s’érode.

 Il s’agit d’une analyse, la plus pointue jamais réalisée, sur le patrimoine naturel de la Méditerranée. Il évalue la valeur globale du patrimoine de la Méditerranée à plus de 5,6 millions de millions de dollars US.

 Cette valeur correspond à l’exploitation d’actifs naturels incluant les littoraux productifs, les pêcheries et les herbiers marins. La production économique annuelle estimée de la mer est d’au moins 450 milliards de dollars US.

 Calculée de la même manière que le PIB national, la richesse de la mer Méditerranée la placerait au 5ème rang des économies nationales de la région. A titre de comparaison, elle génère une production annuelle à peu près équivalente à celle de l’Algérie, de la Grèce et du Maroc réunis.

 

Cependant, le rapport révèle aussi que de nombreuses ressources de la mer Méditerranée sont en déclin à cause d’une exploitation non durable, ainsi que l’accélération de l’utilisation de ces ressources. Concentré sur le secteur des pêches et l’industrie touristique en croissance rapide, le rapport montre que l’équilibre de la mer Méditerranée est à un tournant décisif.

 

Le tourisme implique un développement agressif du littoral

 

Le tourisme est le secteur qui contribue le plus aux économies locales, représentant 11% du PIB cumulé des pays méditerranéens. Cependant, le modèle actuel de tourisme de masse – qui implique souvent un développement agressif du littoral, une consommation d’eau et d’énergie excessive et une gestion non durable des déchets et des eaux usées – a dégradé l’environnement côtier et marin.

 

Selon le rapport, le tourisme représente plus de 90% de la production économique annuelle de la Méditerranée.  L’utilisation des zones côtières pourrait générer des conflits compte tenu de la croissance prévisible du tourisme dans la région.

 

 Un secteur de la pêche en crise

 

« Alors que le tourisme de masse a montré ses limites et que la pêche illégale menace des modes de vie ancestraux, la protection de l’environnement marin doit être une priorité absolue pour la Tunisie. La gestion intégrée de la zone côtière ainsi que la planification de l’espace maritime doivent prendre en considération les besoins et les interactions de tout le milieu, y compris les activités humaines », estime Sofiane Mahjoub, Chargé du programme marin au bureau du WWF Afrique du Nord à Tunis.

 Pour le secteur de la pêche, le rapport indique que ce secteur qui se place au troisième rang de l’économie de la région, traverse ces dernières années une crise qui va en s’aggravant. Ce secteur a toujours une valeur globale estimée à plus de 3 milliards et génère directement plus de 180 000 emplois.

 Il recommande, par ailleurs, 6 priorités pour parvenir à un avenir durable pour la Méditerranée: la mise en œuvre d’une gestion et une planification maritime cohérentes et axées sur les écosystèmes, la mise en place d’une une « économie bleue » durable, la consécration d’une économie respectueuse du climat et neutre en carbone, le déblocage du potentiel productif du patrimoine naturel à travers des financements publics et privés et la réduction de l’empreinte du tourisme de masse et rechercher des modèles de tourisme plus durables.

 Pour le Commissaire européen pour l’Environnement, les Affaires maritimes et la Pêche, Karmenu Vella « développer une économie bleue, solide et durable pour la région méditerranéenne dépendra fortement de notre capacité à conserver notre mer, nos littoraux et nos écosystème marins sains, et où cela est possible de réparer les écosystèmes dégradés. Nous ne pouvons pas continuer à éroder le patrimoine sur lequel les cultures et économies méditerranéennes reposent».

 Pour sa part l’Associé et Directeur Général du Boston Consulting Group, Nicolas Kachaner, a affirmé qu’avec cette analyse (rapport) « personne ne peut douter de l’importance d’une gestion attentive des ressources marines sur lesquelles s’appuie une grande partie de l’économie méditerranéenne. Une approche économique prudente devra veiller au déploiement de solides actions de préservation de l’environnement afin de sécuriser ses ressources naturelles, faute de quoi les bases économiques de la région pourraient sérieusement être menacées».

 «Nous voyons de nombreuses populations de poissons, des zones côtières et des écosystèmes océaniques exposés à d’immenses pressions partout dans le monde et dans des régions importantes telles que la Méditerranée. Mais nous constatons également que l’océan fait l’objet d’une attention sans précédent. C’est l’occasion pour les dirigeants en Méditerranée de s’engager à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies et l’Accord de Paris sur le climat de 2015. Il n’y a pas de temps à perdre », insiste le responsable.

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