Demain, mardi 10 juin, une session de la Legalcommunity Week 2025 à Milan examinera les opportunités d’investissement en Algérie dans le cadre du plan Mattei. Cette conférence réunit juristes d’affaires, financiers et industriels pour analyser un marché qui pèse 14 milliards d’euros d’échanges avec l’Italie, malgré une contraction de 30% depuis le pic de 2022.
Les exportations algériennes vers l’Italie dominent largement cette relation commerciale avec 11 milliards d’euros. Le gaz naturel constitue l’épine dorsale de ces échanges, représentant 9,4 milliards d’euros. Le gazoduc Transmed-Enrico Mattei, qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, demeure l’infrastructure stratégique de cette coopération énergétique. Les produits pétroliers raffinés complètent ce tableau avec plus d’un milliard d’euros d’exportations, en progression de 29,7% sur un an.
Dans l’autre sens, l’Italie exporte vers l’Algérie pour 2,9 milliards d’euros de marchandises, principalement des machines, équipements industriels, produits pharmaceutiques et biens de consommation. Cette progression de 2,7% traduit la demande soutenue du marché algérien pour les technologies et équipements italiens. La balance commerciale reste largement excédentaire en faveur de l’Algérie, avec un solde de 8 milliards d’euros.
Le plan Mattei redéfinit les priorités de coopération
Les discussions milanaises s’articuleront autour du plan Mattei, la stratégie italienne dotée de 5,5 milliards d’euros pour transformer les relations avec l’Afrique. Cette initiative entend dépasser le modèle traditionnel de l’aide au développement pour privilégier les investissements conjoints et les partenariats public-privé.
L’Algérie occupe une place centrale dans cette stratégie. Au-delà de la coopération énergétique traditionnelle, Rome mise sur la diversification des secteurs de collaboration : infrastructures, agriculture, énergies renouvelables, formation et santé. Les projets d’hydrogène vert représentent un axe particulièrement prometteur, l’Algérie disposant d’un potentiel solaire considérable et l’Italie cherchant à sécuriser ses approvisionnements en énergies propres.
Les mécanismes de financement et d’arbitrage international occuperont une place centrale dans les débats. La mobilisation des capitaux privés italiens nécessite un cadre juridique renforcé et des garanties institutionnelles adaptées. Les experts réunis à Milan examineront les outils disponibles pour sécuriser ces investissements et faciliter la résolution des différends commerciaux.
La conférence abordera également le rôle des partenariats public-privé dans le développement des infrastructures algériennes. Ces mécanismes permettent de combiner l’expertise technique italienne avec les besoins de modernisation du pays, tout en partageant les risques entre acteurs publics et privés.
Des signaux contradictoires sur les échanges bilatéraux
L’évolution récente des échanges commerciaux révèle des tendances contrastées. Si les importations italiennes depuis l’Algérie ont reculé de plus de 21% en 2024, cette baisse s’explique principalement par la diminution des achats de gaz naturel (-23,5%). Cette évolution reflète la stratégie de diversification énergétique italienne, accélérée depuis la crise ukrainienne.
Parallèlement, la progression des exportations de produits pétroliers raffinés algériens vers l’Italie (+29,7%) montre la capacité d’adaptation des flux commerciaux. Cette performance traduit la montée en puissance des capacités de raffinage algériennes et la demande soutenue du marché italien.
La stabilité des exportations italiennes vers l’Algérie (+2,7%) confirme l’attractivité du marché algérien pour les entreprises italiennes. Cette résilience témoigne de la diversification progressive des échanges au-delà du seul secteur énergétique.
Les participants à la conférence milanaise devront analyser ces évolutions dans le contexte plus large de la transition énergétique européenne. L’Algérie doit anticiper la baisse progressive de la demande européenne en hydrocarbures traditionnels et développer de nouveaux créneaux d’exportation.