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Les 400 000 barils/jour de l’OPEP+ arrivent au pire moment

Par Samy Indjar avec AI
4 mai 2025

L’OPEP+ a officialisé cette semaine une augmentation de 411 000 barils par jour de sa production de brut à partir de mai 2025. Cette décision, attendue dans le calendrier du cartel, intervient pourtant dans un contexte de retournement du marché pétrolier, marqué par une baisse continue des prix et un excédent d’offre. Alors que la demande mondiale ralentit, la stratégie du cartel soulève de nombreuses interrogations sur sa capacité à stabiliser les cours et sur les motivations réelles de ses principaux membres.

Un marché déjà excédentaire, des prix sous pression

L’annonce de l’OPEP+ survient alors que les fondamentaux du marché pétrolier se sont nettement détériorés depuis le début de l’année. Le Brent a perdu plus de 7 % depuis janvier, oscillant autour de 65-70 dollars le baril, tandis que le WTI a touché début avril son plus bas niveau en quatre ans. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’offre mondiale dépasse déjà la demande de près de 600 000 barils/jour, et Goldman Sachs anticipe un surplus de 800 000 barils/jour pour l’ensemble de 2025.

La croissance de la demande, notamment dans les pays de l’OCDE, ralentit sous l’effet du tassement économique et des incertitudes géopolitiques. Les matières premières pétrochimiques, en particulier, souffrent d’une contraction de la consommation. Dans ce contexte, l’augmentation de la production de l’OPEP+ risque de renforcer la pression baissière sur les cours. « Cette décision va à l’encontre des signaux du marché et pourrait amplifier la volatilité des prix », estime Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, cité par Reuters.

L’OPEP+ en lévitation entre deux stratégies

L’OPEP+ se retrouve aujourd’hui confrontée à un dilemme stratégique. Depuis plus d’un an, le cartel avait opté pour des réductions volontaires afin de soutenir les prix. Mais en maintenant son calendrier de hausse, alors que le marché s’est retourné, il s’expose à un effet boomerang. Le choix est cornélien : maintenir des quotas bas, au risque de perdre des parts de marché au profit des producteurs américains et d’autres pays non-OPEP, ou augmenter l’offre et accentuer la chute des prix.

La décision de légitimer une partie de la surproduction de certains membres (Irak, Kazakhstan) illustre aussi les difficultés à faire respecter une discipline collective. Selon Jorge Leon, « le groupe cherche à regagner des parts de marché après des années de coupes, mais cette logique pourrait s’avérer autodestructrice ». Chaque baril supplémentaire mis sur le marché vient peser davantage sur les recettes des États producteurs, déjà fragilisées par la baisse des cours.

Riyad entre pressions américaines et rivalités stratégiques

Les motivations de l’Arabie saoudite, chef de file de l’OPEP, sont au cœur de cette dynamique. D’un côté, Riyad doit financer son ambitieux programme de diversification économique, qui exige un prix du baril élevé pour équilibrer le budget national. De l’autre, la monarchie ne peut ignorer les pressions américaines, Donald Trump ayant multiplié les appels à une hausse de la production pour faire baisser les prix, soutenir le pouvoir d’achat américain et affaiblir les revenus russes dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Par ailleurs, l’Arabie saoudite garde un œil sur la concurrence du pétrole non conventionnel américain : en maintenant les prix sous un certain seuil, le royaume espère rendre une partie de la production de schiste moins rentable et ainsi freiner la montée en puissance des États-Unis. Mais cette stratégie du « juste prix » comporte des risques : trop bas, le baril menace la stabilité budgétaire des pays membres ; trop haut, il relance la production hors OPEP+. Pour l’heure, la plupart des analystes s’attendent à une poursuite de la baisse des cours : Goldman Sachs table sur un Brent à 63 dollars en moyenne pour le reste de l’année, dans un scénario sans récession américaine.

En cherchant à préserver ses intérêts stratégiques, l’OPEP+ prend donc le risque de s’enfermer dans une spirale baissière difficile à maîtriser, au moment même où le marché aurait eu besoin de stabilité.

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