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Algérie

«Les acquisitions à l’étranger, c’est du rachat du temps perdu par l’Algérie», – A. Hadj Nacer sur Radio M (Audio)

Par Maghreb Émergent
15 avril 2014
Abderahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie (Ph. Y. Bouktache)

Lors de son passage ce matin sur le plateau de Radio M, la web radio de Maghreb Emergent, l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Abderrahmane Hadj Nacer, s’est dit « heureux et fier » du patron du groupe Cevital qui, a-t-il estimé, « de par ses acquisitions d’entreprises européennes est en train de rattraper le temps perdu depuis 25 ans par l’Algérie».

L’accord signé hier à Paris entre Cevital et Fagor Brand pour le rachat par Cevital de l’opérateur international de l’électroménager Fagor-Brandt a été longuement commenté par Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, reconverti en banquier d’affaires depui sa sortie du secteur public il y a 20 ans. Pour lui, ce que fait Rebrab aujourd’hui en matière d’acquisitions d’actifs à l’étranger, est censé être fait par tous des tous les opérateurs économiques algériens. « Je pense qu’il faut ériger une statue à l’effigie de monsieur Rebrab. Dieu sait que je peux dire beaucoup de choses négatives sur Rebra (…) mais tout ce qu’il fait c’est exactement ce que tout l’Algérie devrait faire », a-t-il déclaré. Pour Hadj Nacer, le seul moyen de rattraper le retard, « c’est d’aller à l’étranger et acheter du temps. Quand on achète une usine à l’étranger, on achète du temps », a-t-il ajouté.
Chakib Khelil, « c’est de la haute trahison »
L’idée selon laquelle les années Bouteflika ont permis à l’Algérie de rattraper le retard sur les infrastructures, qu’il faut concentrer les efforts sur la diversification de l’économie et se donner de l’ambition à l’international, a été contestée par Hadj Nacer. Il considère que l’Algérie a plutôt fait l’inverse, en matière d’infrastructures. «Nous avons construit des cités qui sont des usines à produire des terroristes et encore, nous avons a amené des étrangers pour le faire. Cela n’est pas un rattrapage mais, c’est une catastrophe. C’est une catastrophe pour les futurs dirigeants du pays et pour les populations. Alors, ne parlons pas d’autoroutes !», s’est-il exclamé.
Pour le secteur des hydrocarbures, principal pourvoyeur de ressources financières pour le pays, la « catastrophe » est plus grande, ajoute Hadj Nacer : « Chakib Khelil a détruit les deux seuls puits qu’on a. Nous avions a perdu 40 à 50 % de Hassi Messaoud et une partie de Hassi R’Mel. C’est extraordinaire. Nous avions deux mamelles que nous avons bousillées toutes les deux. Cela relève de la haute trahison !», a-t-il asséné.
L’usine Renault, « une honte absolue »
Hadj Nacer ajoute que l’Algérie a encore une chance de changer de cap tant que le pays dispose encore « d’un peu d’argent », à condition d’avoir une « une équipe de dirigeants légitimée par la population ». Comment faire ? M. Hadj Nacer pense que la meilleure façon serait d’acquérir des entreprises comme le fait Rebrab, au lieu de suivre l’exemple de Renault, car les acquisitions permettent le transfert du savoir-faire. « Prenons l’exemple de l’usine Renault à Oran. C’est une honte absolue ! C’est la couverture d’une gestion de prébendes ! Parce que les intérêts autour de Renault sont énormes. En 1991, le dossier qui a été bloqué par le conseil de la monnaie et du crédit était le dossier de Renault parce qu’il y avait une surfacturation de 35 %. Or, cette surfacturation été démontrée et les gens de Renault ont compris qu’il ne fallait pas aller plus loin » a-t-il révélé.
70.000 véhicules/an, « un retour aux années 50-60 »
Il a expliqué que « face à la honte du choix de Tanger (par Renault) » l’Algérie avait la possibilité de réagir « vite et intelligemment » en acquérant Volvo pour seulement deux milliards de dollars . Il a ajouté que l’intérêt à mettre l’argent dans Volvo, Peugeot ou des usines nordiques, est la formation des hommes. « Le plus important dans une acquisition c’est que vous pouvez injecter la ressource humaine pour apprendre la gestion de l’entreprise dans un environnement moderne et vous pouvez orienter une partie de la production de cette usine vers les besoin du marché local etc. ». Et de s’interroger : « Quel est l’intérêt d’envisager le montage de 70.000 véhicules, sachant que nous en fabriquions autant dans les années 50-60 avec un taux d’intégration plus importants ? Vous vous-rendez compte de la régression ! », s’est-il exclamé.

 

 

 

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