Les autorités algériennes ont officiellement saisi l’Audiencia Nacional, la haute juridiction espagnole, afin d’obtenir l’extradition de l’ancien sénateur Abdelkader Jeddiâ, élu en 2019 au Conseil de la Nation pour la wilaya de Ouargla. Ce dernier réside actuellement en Espagne après avoir quitté l’Algérie de manière irrégulière. La justice espagnole a fixé l’audience au 3 novembre 2025 devant le tribunal de paix d’El Campello, dans la province d’Alicante.
Un dossier aux origines politiques
L’affaire remonte à une séance du Conseil de la Nation le 22 décembre 2019, à laquelle assistaient le ministre de l’Énergie et le directeur général de Sonatrach. Durant cette session, Jeddiâ avait dénoncé la mauvaise gestion du secteur énergétique, le manque d’équité dans le développement des régions du Sud, et exigé une participation accrue des populations locales dans les décisions liées à l’exploitation du gaz de schiste. Il avait également insisté sur la nécessité de protéger l’environnement et de redistribuer les revenus fiscaux pétroliers au bénéfice des habitants du Sud.
Levée de l’immunité et condamnation
Plus de quatre ans après ces déclarations, une procédure judiciaire a été ouverte contre lui, jugée à caractère politique par plusieurs observateurs. Le 13 novembre 2023, la Cour constitutionnelle a levé son immunité parlementaire dans des conditions controversées, sans respecter les règles du Conseil de la Nation imposant une séance d’audition et un vote public. Deux jours plus tard, le parquet de Touggourt a émis une interdiction de sortie du territoire à son encontre.
Le 5 février 2024, la même juridiction l’a condamné à trois ans de prison ferme et à une amende de 500 000 dinars algériens, sur la base d’articles du code pénal relatifs à « l’outrage à une institution », « la diffusion d’enregistrements portant atteinte à l’intérêt national » et « la propagation d’informations susceptibles de troubler l’ordre public ».
Une affaire à résonance internationale
Après sa condamnation, Abdelkader Jeddiâ a quitté le pays pour l’Espagne. L’Algérie a par la suite soumis une demande officielle d’extradition. Selon plusieurs analystes, cette démarche illustre l’extension des poursuites contre les voix critiques jusque hors des frontières nationales, via les instruments judiciaires internationaux.
L’ONG Shuaa for Human Rights, basée à Londres, s’est saisie du dossier. Elle plaide auprès des instances internationales pour le refus de l’extradition, arguant que l’affaire revêt un caractère politique et met en cause la liberté d’expression ainsi que les droits parlementaires fondamentaux.





