Le rétablissement du service militaire obligatoire au Maroc, annoncé le 20 août lors du Conseil des ministres présidé par le roi Mohammed VI, a déclenché une vague de réactions notamment sur les réseaux sociaux, se divisant entre ceux qui le considèrent comme initiative positive et salutaire, et d’autres qui affirment refuser cette décision.
Considérée comme un moyen d’absorber le chômage des jeunes âgés entre 19 et 25 ans, certains internautes ont estimé que ce choix ne peut pas à lui tout seul résoudre les problèmes de la jeunesse marocaine, mais c’est une mesure qui peut y contribuer.
Dans ce sens, Rachid, jeune marocain de 22 ans, a qualifié le service militaire obligatoire d' »inadaptée » au problème du chômage, en proposant une autre démarche au gouvernement.
« Le gouvernement doit se pencher sur des dossiers plus importants comme la santé, l’emploi, l’enseignement et l’infrastructure », a affirmé ce jeune étudient marocain.
Au Maroc, le chômage touche plus de quatre jeunes urbains sur dix, selon les données du Haut-commissariat au Plan (HCP), institut national chargé de la production statistique.
Le décrochage scolaire concerne quant à lui deux jeunes sur trois; la moitié des jeunes qui travaillent occupent des postes à bas salaires; 75% des jeunes n’ont aucune couverture sociale, montre une récente analyse publiée par le Conseil économique et social marocain (CESE).
Pour ceux qui soutiennent la décision du gouvernement, ils ont estimé que le service militaire peut redonner un sens de civisme, de responsabilité et de patriotisme chez beaucoup de jeunes marocains désœuvrés.
« Cette formule a de tout temps fait ses preuves », a expliqué Mohammed Moufid, sociologue et chercheur marocain, ajoutant que le pays fait face à nombreux défis tels que les menaces étrangères, le terrorisme islamiste, et le taux de criminalité élevé.
« Un dispositif tel que le service militaire n’est donc pas un luxe, si l’on veut fédérer les jeunes énergies, au-delà de leurs origines, appartenances géographiques ou sociales et niveaux d’instruction, pour faire corps avec la Nation et défendre les idéaux de sécurité, de paix et de tolérance que prône le Maroc », a-t-il souligné.
De son coté, Brahim Fassi Fihri, président fondateur de l’Institut Amadeus, un think-tank marocain, a écrit sur Twitter que « la réinstauration du service militaire obligatoire est une décision positive, salutaire, concrète et nécessaire ».
Selon lui, au moment où une grande partie de la jeunesse marocaine, souvent livrée à elle-même et en mal de repères, est en proie à l’écroulement de certaines valeurs ancestrales qui ont cimenté, depuis des siècles, la société marocaine, le service militaire obligatoire permettrait à cette jeunesse de bénéficier d’un encadrement nécessaire et de renouer avec le patriotisme, l’esprit de groupe, le don de soi, le respect, la discipline, le civisme, la citoyenneté et la fierté d’appartenance à une Nation millénaire.
Adopté par le conseil des ministres, le rétablissement du service militaire obligatoire a pour objectif de renforcer le sens de citoyenneté chez les jeunes, dans le cadre d’une corrélation entre les droits et les devoirs de citoyenneté.
En vertu de cette nouvelle mesure, le service militaire est prévu pour les jeunes marocains de 19 à 25 ans, et pour une durée de 12 mois.
En plus d’entraînements militaires et d’exercices de maniement d’armes et d’équipements divers, le service militaire sera élargi à des aspects relevant de la formation professionnelle et technique ainsi que la participation aux grands chantiers structurants du pays.
Le Maroc avait adopté une loi organisant un service militaire en 1966. En 2006, un décret-loi adopté sur consigne du roi, mettait fin au service militaire.
(Xinhua)
