Le World Energy Outlook 2025 de l’Agence internationale de l’énergie alerte sur la demande mondiale toujours croissante et le rôle central du gaz. Que peut dire le rapport pour un pays gazier comme l’Algérie ?
Le World Energy Outlook 2025 (WEO) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) décrit un paysage énergétique mondial en profonde mutation. La demande globale d’énergie augmente de manière soutenue, portée d’une part par les besoins fondamentaux des pays du Sud et d’autre part par la consommation massive des technologies avancées telles que l’intelligence artificielle et les centres de données dans les pays développés.
Le WEO 2025 propose trois trajectoires pour anticiper l’avenir énergétique. Le scénario basé sur les politiques actuelles (STEPS) se fonde uniquement sur les mesures déjà adoptées par les gouvernements. La demande de combustibles fossiles, et notamment de gaz, continue de croître au-delà de 2030, entraînant un réchauffement climatique important. Le scénario des engagements annoncés (APS) intègre les promesses et objectifs de réduction d’émissions des pays. La demande mondiale de gaz atteint un pic autour de 2035, principalement grâce au GNL, mais cette trajectoire reste insuffisante pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Enfin, le scénario zéro émission nette (NZE) trace une feuille de route ambitieuse vers la neutralité carbone d’ici 2050, avec une chute drastique de la demande de combustibles fossiles et une adoption massive immédiate des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Quel que soit le scénario, le solaire photovoltaïque devient le pilier central du système énergétique mondial, concentrant l’essentiel de la nouvelle demande dans les régions très ensoleillées.
Les enjeux pour l’Algérie
L’Algérie se trouve face à des choix cruciaux. Son gaz naturel, vital pour l’Europe dans un contexte géopolitique incertain, constitue une fenêtre stratégique : non pas pour prolonger l’ère fossile, mais pour financer la transition énergétique. Les revenus issus de ses exportations pourraient soutenir les investissements massifs nécessaires aux énergies renouvelables et aux infrastructures électriques modernes. Le gaz de schiste, bien que prometteur, comporte des risques d’actifs échoués (stranded assets) dans les scénarios ambitieux et exige des ressources qui pourraient être mieux allouées aux énergies propres.
Dans ce contexte, l’Algérie doit agir avec urgence. Il est impératif de maîtriser la consommation intérieure par une politique d’efficacité énergétique afin de libérer davantage de volumes pour l’exportation. Parallèlement, des investissements soutenus sont nécessaires dans les centrales solaires et dans la modernisation des réseaux et interconnexions, condition sine qua non pour exporter de l’électricité propre. Enfin, la proximité géographique avec l’Europe offre une opportunité unique pour se positionner comme acteur majeur de l’hydrogène vert, un vecteur énergétique propre et un moyen essentiel de diversification énergétique.
Le message du WEO 2025 est donc clair : l’Algérie possède toutes les ressources pour jouer un rôle stratégique majeur dans le futur énergétique mondial. La réussite repose sur une approche intégrée, audacieuse et planifiée, utilisant le capital gazier d’aujourd’hui pour bâtir l’indépendance énergétique renouvelable de demain.
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