70% de chute du chiffre d’affaires à l’exportation. C’est l’ampleur des pertes subies par les entreprises de la région de Valence lors de la crise économique et commerciale entre l’Algérie et l’Espagne ces dernières années. Juan Riera, président du conseil des chambres de commerce de la Communauté valencienne, a révélé ces chiffres en marge du forum économique algéro-espagnol organisé dimanche à l’hôtel Marriott d’Alger.
L’impact de cette crise dépasse largement les seules exportations. Entre 85% et 90% des relations commerciales et économiques entre la région valencienne et l’Algérie se sont interrompues, transformant un partenariat historique en quasi-rupture commerciale. « L’impact de la crise avec l’Algérie a été très violent”, a déclaré Juan Riera lors de sa déclaration au quotidien “El Chourouk”, confirmant que cette situation a touché l’ensemble des entreprises de la région qui regroupe les provinces de Valence, Castellón et Alicante.
En effet, les chiffres révèlent l’ampleur d’une relation économique qui représentait un débouché important pour les entreprises espagnoles avant sa détérioration. La région valencienne, reconnue pour sa capacité industrielle et commerciale, a vu ses liens avec l’Algérie se réduire drastiquement, obligeant les entreprises à repenser leurs stratégies d’exportation.
L’investissement local remplace l’exportation traditionnelle
La reprise des relations entre les deux pays ouvre désormais une nouvelle page, mais selon des règles différentes. Juan Riera explique que “les nouvelles règles du jeu imposent de s’orienter vers l’investissement local ici en Algérie, au lieu de se contenter uniquement d’exporter”. Cette transformation stratégique répond aux nouvelles orientations économiques algériennes qui privilégient la production locale et le transfert de technologie.
Le responsable des chambres de commerce valenciennes souligne que le gouvernement algérien offre un soutien considérable aux investisseurs, avec un nouveau cadre juridique et des financements disponibles. Cette approche contraste avec l’ancien modèle basé principalement sur l’importation de produits finis.
L’Algérie présente, selon lui, des avantages concurrentiels indéniables : une énergie disponible à des prix très compétitifs (électricité, gaz et carburant) et une main-d’œuvre peu coûteuse. Ces facteurs, combinés à la position stratégique du pays, en font une plateforme idéale pour la production locale et l’exportation vers l’Afrique subsaharienne.
“Je pense que l’investissement et le partenariat en Algérie représentent l’avenir pour beaucoup d’entreprises espagnoles et de la région de la Communauté valencienne”, affirme Juan Riera. Cette vision s’appuie sur le potentiel des marchés africains, considérés comme des débouchés aux “possibilités énormes” pour les entreprises qui s’implanteraient en Algérie.
Pour rappel, le forum économique, organisé par le Club algéro-espagnol du commerce et de l’industrie, a réuni 41 participants algériens et 17 espagnols pour explorer ces nouvelles opportunités. Djamal Eddine Bouabdallah, président de la Chambre de commerce et d’industrie Hauts-Plateaux (CCIHA), a souligné l’importance “symbolique” de cette rencontre : « Cet événement marque une étape importante, à savoir la reprise des échanges économiques entre l’Algérie et l’Espagne. Le paradigme a clairement évolué, et nous constatons désormais des partenariats plus étroits et plus pertinents”.
Cette évolution accompagne les réformes économiques algériennes en cours. “L’Algérie mène de grandes réformes et poursuit ses efforts pour améliorer sa situation économique”, explique Bouabdallah, qui voit dans ces rencontres une occasion de “tirer parti de l’expérience de certaines sociétés espagnoles, qui peuvent venir partager leur savoir-faire et transférer leurs compétences”.