Alors que l’Algérie affiche une ambition renouvelée en matière de commerce extérieur, un constat s’impose : les exportations algériennes vers l’Afrique restent encore marginales, représentant seulement 10 % du volume total des exportations du pays. Un chiffre qui contraste avec les aspirations affichées par les autorités algériennes, désireuses de faire du pays un acteur majeur des échanges commerciaux sur le continent.
Selon El Houari Abdelatif, sous-directeur chargé du suivi et de l’appui des exportations au ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, l’Algérie compte aujourd’hui près de 2.000 exportateurs, un chiffre en nette progression comparé aux 200 recensés il y a quelques années. Ces exportateurs écoulent leurs produits dans plus de 120 pays à travers le monde, avec une attention particulière portée aux marchés du Moyen-Orient, de l’Afrique, de l’Europe, de l’Amérique du Nord et bientôt du Royaume-Uni.
Pourtant, malgré cette diversification des destinations, le continent africain, pourtant proche géographiquement et culturellement, ne capte qu’une part modeste des exportations algériennes. Un paradoxe d’autant plus frappant que l’Algérie bénéficie désormais des avantages offerts par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), entrée en vigueur en 2024 et regroupant 30 pays. Cette zone, qui vise à faciliter les échanges intra-africains en réduisant les barrières douanières, représente une opportunité majeure pour les entreprises algériennes.
Un potentiel inexploité
Les produits algériens exportés vers l’Afrique incluent notamment des denrées agroalimentaires (agrumes, dattes, tomates, oignons), des produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques, ainsi que des équipements électriques, des transformateurs et des turbines. Des filières prometteuses, mais qui peinent encore à s’imposer sur le marché continental.
El Houari Abdelatif reconnaît que le volume des exportations vers l’Afrique ne reflète pas les ambitions du pays. « Nous aspirons à ce que l’Algérie devienne un moteur des échanges commerciaux avec le continent, surtout après l’entrée en vigueur de la ZLECAf », a-t-il déclaré. Pour y parvenir, les pouvoirs publics misent sur une stratégie d’accompagnement des exportateurs, en ciblant les produits les plus demandés et en profitant des exonérations douanières déjà approuvées par 30 pays africains.
Cependant, les défis restent nombreux. Le commerce de troc, pratiqué avec certains pays africains voisins, reste limité aux zones frontalières et ne suffit pas à dynamiser les échanges à plus grande échelle. Par ailleurs, la concurrence des autres pays exportateurs sur le continent, ainsi que les difficultés logistiques et infrastructurelles, freinent encore l’expansion des produits algériens.
Une stratégie à renforcer
Pour augmenter sa part de marché en Afrique, l’Algérie devra renforcer sa stratégie commerciale. Cela passe notamment par une meilleure promotion de ses produits, une simplification des procédures douanières et une amélioration des infrastructures de transport. Les entreprises algériennes, quant à elles, doivent gagner en compétitivité pour rivaliser avec les produits asiatiques et européens déjà bien implantés sur le continent.
El Houari Abdelatif insiste sur la nécessité d’accroître les revenus en devises étrangères, un enjeu crucial pour l’économie algérienne. « La priorité est d’augmenter le volume des exportations », a-t-il souligné, rappelant que les marchés arabes et africains offrent des perspectives prometteuses grâce à leur proximité géographique et à la compétitivité des produits algériens.
Ainsi, si l’Algérie a fait des progrès significatifs en matière d’exportations, le chemin reste long pour que le pays devienne un acteur incontournable du commerce intra-africain. La ZLECAf représente une opportunité historique, mais sa pleine exploitation nécessitera une volonté politique accrue, une modernisation des infrastructures et une mobilisation des acteurs économiques. L’Afrique, avec ses 1,3 milliard d’habitants et son marché en pleine croissance, attend de voir si l’Algérie saura saisir sa chance.
