La 40e édition de la Mostra de València, marquée par des récits de migrations et des personnages féminins, s’est achevée sur un palmarès qui reflète fidèlement ces préoccupations contemporaines. Le jury, présidé par l’actrice valencienne Glòria March, a consacré deux œuvres dont les protagonistes sont des femmes migrantes, confirmant une tendance forte de cette édition anniversaire.
Le grand vainqueur de la soirée a été Aisha Can’t Fly Away, premier long-métrage du réalisateur égyptien Morad Mostafa. Le film, qui suit une jeune aide-soignante soudanaise prise entre un amour impossible et les menaces d’un gangster, a décroché la prestigieuse Palmera de Oro, dotée de 30 000 euros pour la production et 15 000 euros pour sa distribution en Espagne. Cette fiction sociale, plongée dans les marges du Caire, a séduit par sa sensibilité et la force de son interprétation, offrant une visibilité rare à une communauté souvent invisible.
L’autre grande lauréate de la soirée a été Pieces of a Foreign Life, de la réalisatrice franco-syrienne Gaya Jiji. Le film, porté par une interprétation puissante de Zam Amir, récompensée du prix de la Meilleure Actrice suit Selma, une femme syrienne fuyant la guerre au prix d’un périple éprouvant à travers les Balkans avant d’atteindre Bordeaux. Le film a décroché la Palmera de Plata, assortie de 20 000 euros, confirmant l’importance croissante des regards féminins sur les réalités migratoires.
Une édition résolument tournée vers les femmes
Le prix de la Meilleure Réalisation est revenu à la cinéaste turque Gözde Kural pour Cinema Jazireh, portrait poignant d’une Afghane survivant au massacre de sa famille.
Le Meilleur Scénario a été attribué à Erige Sehiri, Anna Ciennik et Malika Cécile Louati pour la production tunisienne Prometido el cielo, centrée sur trois colocataires ivoiriennes et une fillette orpheline.
Le Portugal s’est également distingué : Primeira pessoa do plural, de Sandro Aguilar, a remporté les prix de la Meilleure Photographie et du Meilleur Acteur pour Albano Jerónimo.
Le compositeur grec Babis Papadopoulos a été récompensé pour la Meilleure Bande Originale dans Broken Vein, qui a également remporté le premier prix du Meilleur Affiche, une nouvelle catégorie cette année.
Moment fort de la soirée : la remise de la Palmera de Honor au producteur Fernando Bovaira, figure majeure du cinéma espagnol contemporain. Alejandro Amenábar, venu lui remettre le prix, l’a décrit comme « un défenseur infatigable de la voix des auteurs » et « un véritable lion face à l’incertitude audiovisuelle ».
Ému, Bovaira a rappelé la difficulté du métier et souligné son engagement récent en faveur de projets tournés à València, une région qu’il considère « pleine de talents qui méritent davantage de soutien collectif ».
La Cabina, désormais intégrée à la Mostra, a récompensé Un ciel si bas, de Joachim Michaux, immersion dans la fièvre du New Beat dans la Bruxelles de 1989.
Une mention spéciale a été attribuée à Fanny à la plage, de Raphaëlle Petit-Gille.
La nouvelle section Xaloc, qui remplace la section Informativa, a remis son prix du public à La voix de Hind, de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, un film déjà salué à Venise et Saint-Sébastien pour son témoignage poignant sur le génocide palestinien.
La soirée s’est conclue avec la projection de +10k, moyen-métrage de Gala Hernández López, présenté à Cannes. Le documentaire suit Pol, 21 ans, partagé entre rêves de réussite rapide, influence de coachs en ligne et promesses des cryptomonnaies.





