Malgré les réformes et les discours optimistes, les investissements directs étrangers (IDE) en Algérie n’ont pas connu le décollage espéré en 2025. Selon les estimations basées sur les données partielles de la Banque d’Algérie et de la CNUCED, les flux réels d’IDE devraient à peine dépasser 1,5 milliard de dollars US pour l’ensemble de l’année, un niveau inférieur aux attentes et loin des ambitions affichées. Au premier semestre, plus d’un milliard de dollars ont été enregistrés, marquant une progression relative depuis la pandémie, mais cette dynamique s’essouffle face à la volatilité économique et aux rigidités administratives. Les secteurs des hydrocarbures et de l’énergie dominent toujours, avec des apports limités dans l’industrie et l’agroalimentaire.
Un bilan en deçà des projections
Comparé aux années précédentes, 2025 confirme une stagnation structurelle. En 2024, les flux s’élevaient à 1,43 milliard de dollars selon la CNUCED, en hausse de 18% par rapport à 2023 (1,216 milliard), mais la projection pour 2025 reste inférieure à 1,8 milliard, freinée par des retards de réalisation. L’écart criant entre les annonces de l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI) et les flux réels comptabilisés par la Banque d’Algérie persiste : l’AAPI revendique plus de 12 000 projets cumulés depuis 2022 pour 43 milliards de dollars déclarés, dont 235 IDE, mais seuls 20-30% se matérialisent en transferts effectifs. Cette disparité, observée depuis 2022 (annonces élevées vs. 255 millions de flux nets), s’explique notamment par des seuils stricts de la Banque d’Algérie (10% de participation, apports equity et réinvestissements via banques), excluant les engagements non financés qui font le gras des statistiques de l’AAPI et de la communication gouvernementale.
Annonces prometteuses, réalités contrastées
Les principales annonces d’IDE en 2025 se concentrent sur l’énergie et l’industrie, avec la Chine en tête (un tiers des projets, comme Astronergy pour 220 MW solaires à Biskra). Les secteurs phares incluent l’automobile (22,9%), la métallurgie (28,4%) et la chimie (16%), suivis des hydrocarbures via des MOUs Sonatrach-Eni (Italie), TotalEnergies (France) et Equinor (Norvège). L’Europe (Italie, France à 10% des stocks historiques) et les États-Unis (29%) restent prudents, tandis que 89 projets IDE ont été enregistrés au semestre 1 par l’AAPI, sans ventilation nominative publique. Cette focalisation sur les ressources naturelles limite la diversification, contrastant avec par exemple le Maroc (hausse de 55%) ou l’Égypte (leader à 46,5 milliards en 2024). L’Algérie, 16e africain en 2024, stagne au Maghreb malgré la suppression de la règle 51/49, appelant à des réformes plus profondes pour convertir les promesses en capitaux réels.