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Les Marocaines se mobilisent contre la violence sexuelle

Par Maghreb Émergent
20 janvier 2017

Le suicide d’une jeune fille victime d’un viol collectif a sonné la mobilisation des organisations féménines. Elles demandent la révision de la loi 13/103 relative à la lutte contre la violence faite aux femmes.

 

Après plusieurs cas d’agressions sexuelles, des Marocaines ont décidé de lancer une campagne contre la violence faite aux femmes dans leur pays. Elles envisagent non seulement de convaincre les députés de réviser la loi marocaine, mais aussi de changer la mentalité des hommes du pays.
L’Association marocaine pour les droits des femmes et l’Association des femmes libres ont lancé une campagne visant à attirer l’attention du public sur le problème des agressions sexuelles au Maroc. Cette campagne intervient alors qu’une jeune fille a été victime d’un viol collectif. Elle s’est ensuite suicidée.
Les deux organisations ont organisé une conférence de presse pendant laquelle elles se sont prononcées pour la révision de la loi 13/103 relative à la lutte contre la violence faite aux femmes. Les activistes ont proposé d’introduire la responsabilité pénale pour tous les types de viols.
« Nous avons raconté l’histoire de cette femme qui a survécu à un viol collectif. Elle n’a pas pu le supporter et s’est suicidée. Deux jours après le viol, son corps a été découvert dans un puits situé non loin de sa maison dans la province de Rabat. Ce drame a été rendu public quand sa mère a saisi la justice. Quatre autres femmes violées par des criminels ont porté plainte. À mon avis, le gouvernement doit s’occuper de ces cas et punir les coupables », a déclaré la chef de l’Association marocaine pour les droits des femmes Latifa Bushwa dans une interview accordée à Sputnik.
Selon Mme Bushwa, le problème principal est que la justice couvre souvent les violeurs.
« Un violeur peut être condamné à plus de deux ans de prison si le crime est reconnu par la justice comme relevant du pénal. Le problème est que les tribunaux ont tendance à atténuer la peine pour les violeurs. Par exemple, on peut présenter l’agression comme une liaison extraconjugale. De plus, selon la loi marocaine, la victime d’un viol est complice du crime et doit être aussi traduite en justice. Ainsi, le violeur lui-même se transforme en complice », a ajouté Mme Bushwa.
Elle a également souligné que les agressions sexuelles conduisaient souvent à la mort des femmes violées. Et en ce qui concerne les viols familiaux, pour la justice marocaine, ils n’existent pas.
« Les juges n’examinent pas les actes de viol contre les femmes commis par leurs époux. Pourtant, d’après des données officielles, il y a des milliers de plaintes de ce genre », a-t-elle précisé.
Mme Bushwa a également indiqué que le projet d’une nouvelle loi concernant la lutte contre la violence sexuelle sera bientôt examiné par le parlement marocain. Les activistes espèrent qu’ils réussiront à convaincre les députés d’apporter les amendements nécessaires.
« Selon la nouvelle constitution du Maroc adoptée en 2011, les hommes et les femmes sont égaux en droits. Notre pays suit les lois internationales défendant les droits de l’homme alors que les amendements que nous proposons ne vont pas au-delà du droit international », a-t-elle déclaré.
L’Association pour les droits des femmes propose de sanctionner plus sévèrement les violeurs et d’ajouter dans la loi la peine pour un viol familial. De plus, elle se prononce pour la création de conseils des femmes qui pourraient protéger les Marocaines contre la violence.
« En ce qui concerne les punitions, on ne doit pas se limiter à la peine de prison. On doit aller plus loin et changer la mentalité des hommes », a-t-elle conclu.

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