Vingt ans. Voilà le temps écoulé depuis la dernière révision des plafonds de financement pour les micro-entreprises. Un immobilisme qui contraste brutalement avec l’ambition de transformation économique de l’Algérie.
Le ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, Noureddine Ouadah, a récemment mis le doigt sur une réalité criante. Bloquées dans le temps, les agences NESDA et ANGEM maintiennent des plafonds de financement inchangés depuis l’an 2000, comme si l’économie était restée figée. Conscient de cette obsolescence, il a annoncé une refonte complète des mécanismes de soutien, engageant une modernisation urgente du système.
L’écart est en effet saisissant entre les ambitions affichées et les moyens réellement alloués. Un fonds de 1,2 milliard de dinars a été créé en 2020 pour soutenir l’innovation, avec des capacités de financement allant jusqu’à 150 millions de dinars pour les grandes entreprises. Dans le même temps, les micro-entrepreneurs restent contraints à des plafonds dérisoires qui ne reflètent en rien les réalités économiques actuelles.
L’inflation : une érosion silencieuse mais dévastatrice
L’inflation n’est pas un concept abstrait. C’est une réalité économique qui ronge méthodiquement la capacité d’investissement des entrepreneurs. Un million de dinars en 2003 représentait un capital significatif pour lancer une activité. Aujourd’hui, ce même montant s’apparente à une aumône économique.
Selon les données officielles, l’inflation cumulée en Algérie a dépassé les 100% sur les deux dernières décennies. Cette érosion monétaire signifie concrètement qu’un plafond de financement resté constant perdrait plus de la moitié de sa valeur réelle. Les coûts des intrants, de l’immobilier, des équipements ont explosé, tandis que les mécanismes de soutien demeuraient figés.
Pour un entrepreneur désireux de créer une micro-entreprise, cela se traduit par des obstacles quasi insurmontables. L’achat d’un simple équipement, la location d’un espace de travail, le recrutement d’un premier collaborateur sont devenus des défis financiers impossibles à relever avec les plafonds actuels.
Les modalités d’un système à bout de souffle
Le dispositif actuel repose sur plusieurs principes de financement. Les porteurs de projets peuvent aujourd’hui espérer un financement de 5 millions de dinars pour les start-up en début d’activité, un accompagnement jusqu’à 20 millions pour les entreprises en développement.
Le mécanisme prévoit une contribution variant entre 5% et 15% du porteur de projet, une participation de l’agence entre 15% et 25%, et un complément bancaire couvrant environ 70% de l’investissement. Mais, ces chiffres sonnent comme un aveu d’impuissance face à l’inflation galopante et aux coûts réels de création d’entreprise.
L’approche des autorités entend désormais considérer les start-up comme de véritables partenaires économiques, et non plus comme de simples bénéficiaires de subventions. Un changement de paradigme qui pourrait transformer en profondeur l’écosystème entrepreneurial algérien.