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Hydrocarbures

Les prix du pétrole au plus bas : le scénario d’un baril à 50 dollars se profile pour début 2015

Par Yacine Temlali 14 décembre 2014
Le scénario qui semblait peu probable il y a deux ans est aujourd'hui presque une réalité.

Le pessimisme est d’autant plus de rigueur que la baisse des prix n’a pas pour effet de stimuler la demande. Selon l’Agence internationale de l’énergie la croissance de celle-ci devrait se raffermir en 2015 mais de façon plus modeste qu’anticipé précédemment*.

 

 

Pour les pays très dépendants des recettes pétrolières comme l’Algérie, le Venezuela, l’Iran ou la Russie, les mauvaises nouvelles ne font que s’accumuler. Les prix du baril tournent depuis jeudi, et pour la première fois depuis 2009, en dessous de la barre des 60 dollars.

La chute est vertigineuse : le baril de pétrole a chuté de 44% depuis la mi-juin, où il était de 106 dollars. Le scénario d’un baril à 50 dollars, qui semblait improbable il y a deux ans, est désormais considéré comme une forte possibilité.

Comme l’ont indiqué des experts algériens et notamment M. Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach, la décision aux motivations politiques de l’Arabie Saoudite de refuser une baisse de production lors de la dernière réunion de l’Opep a des effets désastreux.

M. Attar et d’autres experts internationaux estimaient que la défense des prix nécessitait que l’Opep retire du marché au moins 2 millions de barils/jour. La Russie était sur le point de suivre une telle décision de l’Opep en retirant à son tour 500.000 baril/jour, ce qui aurait permis de réduire le trop d’offre par rapport à la demande.

 

L’AIE enfonce le clou

 

La décision de l’Arabie Saoudite de « laisser faire le marché » coûte très cher aux pays pétroliers qui ne disposent pas d’importantes réserves de change. Les prix n’ont cessé de plonger et les experts estiment qu’ils n’ont pas encore atteint le plancher, d’autant que la bonne vigueur du dollar a pour effet d’accentuer la baisse, selon des experts.

Le pessimisme est d’autant plus de rigueur que la baisse des prix n’a pas pour effet de stimuler la demande. L’Agence internationale de l’énergie a indiqué que la demande en pétrole restera limitée en raison de la faiblesse de la croissance économique.

« La croissance de la demande devrait se raffermir en 2015 par rapport à 2014 mais cette accélération semble désormais plus modeste qu’anticipé précédemment, au vu du rythme de plus en plus hésitant de la reprise économique mondiale » indique l’AIE.

L’AIE a réduit de 230.000 barils par jour (bpj) sa prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole en 2015, à 0,9 million bpj. La révision de demande adressée en 2015 à l’Opep est réduite de 300.000 bpj, à 28,9 millions de bpj, ce qui est déjà inférieur de plus d’un million de bpj à la production Opep.

A la Bourse de New York, où le Dow Jones a chuté vendredi de 1,79% et le Nasdaq 1,16%., les investisseurs s’inquiètent d’un choc brutal sur les secteurs énergétique et financier. Le baril était coté à 58 dollars à New York, le plus bas niveau depuis 2009, et la rapidité du déclin des prix crée un sentiment de panique.

La cote des grandes entreprises pétrolières est en baisse alors que l’indice VI, qui mesure la volatilité, « indice de la peur », est en hausse de 4,98% et s’établit à des niveaux élevés (21,08). Des projets d’investissements pourraient être annulés. Halliburton a annoncé des licenciements touchant 1,25% des effectifs.

Pour Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach et consultant international, la tendance à la baisse des prix du pétrole va durer « au moins six mois ». L’Arabie Saoudite, qui a les moyens financiers d’être le régulateur du marché, a choisi, pour des raisons politiques, d’empêcher l’Opep de réduire la production.

M. Attar ne croit pas à la thèse d’une volonté saoudienne de faire sortir du marché le pétrole de schiste américain. Une baisse continue des prix a un impact sur les investissements futurs aux Etats-Unis. Mais, relève-t-il, la capacité de production d’huile et de gaz non conventionnels américaine, est importante avec 200.000 puits qui produisent quelques 2,6 millions barils par jour. Pour lui, ce sont des objectifs politiques stratégiques comme l’affaiblissement de l’Iran et de la Russie qui motivent ce choix de l’Arabie Saoudite et des pays du Golfe.

(*) Cet article a été initialement publié sur le Huffington Post Algérie.

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