La loi de finances retrace les dépenses et les recettes de l’État pour l’année à venir, ainsi que l’équilibre budgétaire qui en résulte. En Algérie, les deux principales composantes des recettes fiscales hors hydrocarbures sont les impôts sur le revenu et les impôts sur la consommation (TVA), qui représentent plus de 84% du total.
Les impôts sur le revenu se composent principalement de l’impôt sur le revenu global (IRG), payé par les salariés et les retraités, ainsi que de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS). En 2024, l’IRG prélevé sur les salariés représente 31,3% des recettes fiscales, contre 19,1% pour l’IBS, selon le rapport 2024 de la Banque d’Algérie.
Les entreprises contribuent faiblement aux recettes fiscales
Par ailleurs, selon les données de l’ONS, la part des salaires dans le revenu national ne représente que 24,3%, tandis que les revenus du capital (excédent brut d’exploitation) atteignent 66,3%. Les entreprises contribuent faiblement aux recettes fiscales alors qu’elles réalisent une rentabilité élevée et disposent d’une importante capacité d’autofinancement. C’est un paradoxe aux multiples causes : sous-évaluation du bénéfice fiscal déclaré, exonérations et réductions d’impôts importantes accordées par l’État, défaut de facturation ou sous-facturation, réinvestissement d’une partie des bénéfices dans des activités informelles, et transferts illicites de capitaux vers l’étranger.
Parallèlement, les barons de l’économie informelle, qui agissent en dehors du cadre légal, brassent des sommes colossales sans apporter aucune contribution au Trésor public, ni via les impôts ni par les cotisations sociales. D’après le FMI, les activités économiques souterraines sont estimées à 32% du PIB, soit 11 452 milliards de DA en 2024. Comme ces capitaux échappent totalement à la fiscalité, le manque à gagner pour le Trésor public est considérable.
Des avantages fiscaux à ceux qui paient le moins d’impôts
Les salariés et les retraités, en tant que consommateurs, contribuent également aux recettes fiscales en payant la TVA appliquée aux biens et services de consommation. Ainsi, les travailleurs supportent une grande part de l’effort budgétaire de l’État, tandis que les avantages fiscaux (exonérations), financiers (bonifications de taux d’intérêt) et autres privilèges profitent souvent à ceux qui paient le moins d’impôts.
Force est de constater que ceux qui alimentent le plus le budget de l’État sont aussi les premières victimes d’un système de répartition du revenu national inégalitaire, qui favorise largement le capital au détriment du travail. Augmenter leur pouvoir d’achat, c’est avant tout leur rendre justice.