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Maghreb

Les tirs « amis » se multiplient contre les choix économiques de Abdelmalek Sellal

Par Yazid Ferhat
24 septembre 2014
Ph. Liberté

Au lendemain de la tripartite, l’UGTA a repris ses critiques contre les choix économiques du gouvernement. La politique économique du gouvernement « n’est pas la bonne », a déclaré un proche du patron de l’UGTA.

 

Les dossiers de la tripartite à peine rangés, les tirs « amis » contre le gouvernement reprennent. Ils proviennent cette fois-ci de l’UGTA, qui a pourtant obtenu l’abrogation de l’article 87 bis, qui fixe de manière restrictive le salaire minimum. Les premières salves sont venues d’un proche de M. Abdelmadjid Sidi-Saïd, le patron de l’UGTA.

Amar Takdjout, président de la fédération des travailleurs du textiles et du cuir à l’UGTA, n’y vas pas par quatre chemins. La politique économique du gouvernement « n’est pas la bonne », a-t-il déclaré au cours d’une émission de radio. Il a critiqué une «gestion administrative », qui « n’a pas d’impulsion ». Tranché, il a affirmé : « On ne peut pas continuer comme ça », ajoutant, sur le ton de l’ironie, que « les bonnes intentions ne font pas une économie ».

Il a aussi déploré la lenteur dans l’exécution des décisions, ainsi que le peu de résultats obtenus malgré l’argent dépensé. Le secteur du textile a eu une aide de près de deux milliards de dollars, répartis à 60% pour l’assainissement des entreprises, et 40% consacrés à la formation et à l’investissement. Cet effort financier immense n’a pas donné de résultats. « On n’arrive plus à suivre », a reconnu M. Takdjout, alors que le secteur a perdu 250.000 emplois et ne couvre plus que cinq pour cent des besoins du marché algérien.

Une circulaire « ni intelligente ni réfléchie »

Déplorant le manque de formation, inexistante depuis trente ans, selon lui, M. Takdjout a aussi vivement critiqué la circulaire du premier ministre Abdelmalek Sellal, recommandant aux chefs d’entreprises de mettre à la retraite le personnel ayant atteint l’âge de 60 ans, pour favoriser le recrutement et lutter contre le chômage. « Je la conteste ». Cette circulaire « n’est ni intelligente ni réfléchie », a affirmé M. Takdjout, qui se montre sceptique sur la capacité de l’industrie algérienne à être au rendez-vous. « On annonce une couverture de 20% des besoins en 2019. J’attends de voir », a déclaré M. Takdjout, qui estime que le niveau des salaires des chefs d’entreprises dans le secteur public, « c’est de la rigolade ».

Salim Labatcha, président de la fédération des travailleurs de l’agro-alimentaire, n’hésite pas, quant à lui, à remettre en cause la démarche de l’Algérie en vue d’adhérer à l’OMC. « Qu’est-ce qu’on gagne à adhérer à l’OMC », se demande-t-il, affirmant que « l’Algérie n’est pas prête ». Contestant également la réduction progressive des barrières douanières, il appelle à « à réguler les importations ». Selon lui, le gouvernement devrait « mettre en place des normes qui permettent d’évacuer les importations inutiles ».

Une politique qui favorise les importations

Intervenant à la veille de la tripartite de jeudi dernier, il s’en était vivement pris à ceux qui contestaient l’abrogation du 87 bis en affirmant qu’il freinerait la performance des entreprises. « C’est juste un alibi », avait-il dit.

Alors que le gouvernement tente d’attirer les investisseurs étrangers, M. Labatcha a aussi critiqué les entreprises étrangères, qui ne respectent pas, selon lui, la législation, en matière de contrat de travail et d’indemnités. Ces entreprises « doivent se plier à la loi », a-t-il dit.

L’UGTA critique également le système de taxation, le même pour la matière première et les produits finis. « C’est une démarche d’importation, pas de production. Elle favorise l’importation de produits finis », a déclaré un cadre de l’UGTA.

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