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Les voitures électriques n’empêcheront pas les pays pétroliers de dormir tranquillement

Par Yazid Ferhat 12 July 2017

British Petrolium estime, dans son rapport annuel 2017 sur les perspectives énergétiques, que la demande pétrolière mondiale continuera à croître jusque dans les années 2040.

 

L’industrie automobile est en train de vivre une révolution en passant du moteur thermique au tout électrique.  C’est la tendance. En France, le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a annoncé récemment que plus aucune voiture diesel ou essence ne serait vendue en France d’ici à 2040. Dans la même perspective, il prévoit de « proposer au niveau européen une norme euro 7 ambitieuse » consistant à « mettre fin à la vente de voitures émettant des gaz à effet de serre ».Elon Musk, patron fondateur de Tesla, a également  fait la réception inaugurale de la Model 3, une voiture Tesla destinée au grand public.  Volvo Cars, le constructeur sino-suédois,  a annoncé quant à lui qu’il ne lancerait plus que des modèles électriques ou hybrides à compter de 2019.

De prime abord, il apparait que le passage vers un moteur fonctionnant à base de carburants alternatifs, notamment  l’électricité, le gaz naturel, le biogaz et l’hydrogène, va impacter  considérablement le marché pétrolier en entrainant une baisse mondiale de la demande  et des prix et un chancellement des économies reposant sur les hydrocarbures, comme c’est le cas de l’Algérie. La panique a d’ailleurs commencé à s’emparer de plusieurs Etat. « A 70 dollars nous serions en danger, à 60 dollars ça irait mal, à 50 ça irait très mal», avait déclaré Ahmed Ouyahia au mois de septembre 2008. Depuis, la situation économique du pays n’a pas sensiblement changé, l’essentiel de ce qui a été fait durant ces neuf dernières années visant plus à réduire les importations qu’à développer l’offre exportable algérienne et à huiler la machine d’exportation hors-hydrocarbure.  Résultat : l’économie algérienne dépend toujours des hydrocarbures à  hauteur de 97%, ce qui en fait une cible très vulnérable.

Cette mutation de l’industrie automobile sonne, selon l’expert Ferhat Ait Ali, comme « une fin de parcours pour les pays rentiers comme le notre ». « Si la Hollande et l’Autriche parlent de 2025, la France, mauvais élève en matière de renouvelables, parle de 2040, ce qui n’est pas bien loin, » appuie-t-il.

BP rassure

Toutefois, des propos plutôt rassurants viennent de British Petrolium,  troisième compagnie pétrolière mondiale.  En effet, cette compagnie estime, dans son rapport annuel 2017 sur les perspectives énergétiques, que la demande pétrolière mondiale continuera à croître jusque dans les années 2040 en raison d’une consommation accrue de produits à base de plastique et malgré le développement rapide de la voiture électrique. Spencer Dale, l’économiste en chef de BP, estime lui aussi  que la demande continuera à augmenter jusque dans les années 2040 en raison notamment de la forte croissance économique des pays en développement d’Afrique et d’Asie, et la consommation de plastique et de fibres textiles fabriquées à partir du pétrole en soulignant que l’essentiel de la croissance n’est pas lié aux transports. Mais pas seulement. Malgré l’amélioration de l’efficacité énergétique des moteurs à essence et la multiplication par 100 du nombre de véhicules électriques, BP considère que la demande pétrolière globale liée à l’automobile devrait passer à 23 millions de barils/jours en 2035 alors qu’elle n’a été que de 19 millions de barils/jour en 2015 parce que le parc automobile mondial est en pleine expansion.  De plus, ajoute BP, le parc automobile électrique, qui devrait atteindre 100 millions de véhicules d’ici 2035, ne devrait représenter que 5 à 6% du parc total.

L’optimisme de BP veut-il dire que les Etats rentiers qui comptent sur les hydrocarbures ne sont pas « en fin de parcours » et qu’ils peuvent continuer à dormir sur leurs deux oreilles ? Tout porte à le croire.

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