La Confédération des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs espagnole (COAG) a appelé à la suspension de l’entrée de l’huile d’olive tunisienne sur le marché européen. L’organisation agricole demande à Bruxelles de geler le contingent annuel de 56 700 tonnes autorisé sans droits de douane en vertu d’un accord préférentiel conclu entre la Tunisie et l’Union européenne, estimant que ces volumes pèsent sur un marché espagnol déjà fragilisé par la baisse de la production et la hausse des prix.
La COAG accuse en outre les règles actuelles de ne pas garantir une traçabilité suffisante des mélanges commercialisés dans l’Union et appelle la Commission européenne à renforcer immédiatement les contrôles. L’organisation affirme que l’afflux d’huiles extracommunautaires met sous pression les producteurs espagnols dans un contexte de volatilité extrême du marché.
Cet appel à Bruxelles intervient alors que l’huile d’olive reste l’un des piliers des exportations tunisiennes et une source essentielle de devises pour le pays. La filière fait vivre plusieurs centaines de milliers d’agriculteurs, mais elle traverse elle-même une période difficile. Les recettes à l’export ont reculé significativement au cours de l’année malgré une hausse des volumes, selon les données relayées par plusieurs médias tunisiens. Le phénomène s’explique par un tassement des prix internationaux et par la concurrence accrue entre opérateurs, ce qui fragilise les marges des producteurs locaux.
“Bradage”
Des experts tunisiens soulignent également le « bradage » pratiqué par certains exportateurs pour écouler leur stock, une situation qui pénalise les petits oléiculteurs, déjà confrontés au coût croissant des intrants et à la faiblesse des infrastructures de collecte. Le gouvernement tunisien a indiqué ces derniers mois vouloir renforcer la gouvernance du secteur et améliorer la compétitivité de l’huile d’olive, tout en travaillant à la diversification des marchés d’exportation.
Toute remise en cause du contingent préférentiel européen pourrait donc peser davantage sur une filière en tension. Les autorités tunisiennes n’ont pas réagi publiquement à l’appel de la COAG. La Commission européenne n’a pas non plus commenté ces demandes. Les discussions devraient se poursuivre alors que les producteurs européens réclament une protection accrue face à un marché déstabilisé par la faiblesse de l’offre et l’envolée des cours. La Tunisie produit chaque année environ 250 000 à 300 000 tonnes d’huile d’olive, ce qui en fait l’un des principaux exportateurs mondiaux. Une part importante de cette production est destinée à l’Union européenne, soulignant l’importance stratégique du marché européen pour la filière tunisienne.





