L’Algérie se positionne très mal dans le récent classement mondial de la liberté économique. Le rapport « Economic Freedom of the World 2025 », publié le 25 septembre 2025 par l’Institut Fraser, révèle une réalité alarmante. Il classe l’Algérie au 162e rang mondial sur 165 juridictions étudiées et à l’avant-dernière place africaine (48e sur 50). Le rapport complet est disponible ici : Economic Freedom of the World: 2025 Annual Report. Cette situation interpelle, surtout face au discours officiel, qui prône l’encouragement de l’investissement, l’innovation et l’économie de la connaissance. Ces ambitions exigent pourtant un climat des affaires favorable, aujourd’hui clairement inexistant. Un constat similaire avait d’ailleurs été dressé plus tôt dans l’année par l’Index of Economic Freedom 2025 de The Heritage Foundation, signalant déjà que l’Algérie peinait à concrétiser ses ambitions en matière de liberté économique (Liberté économique : L’Algérie peine à concrétiser ses ambitions).
Un Classement Mondial Révélateur : Critères et Méthodologie
L’Institut Fraser, un think tank canadien spécialisé, publie ce classement de référence. Son rapport dresse l’état des lieux de la liberté économique dans 165 pays et territoires. L’étude s’appuie sur 45 indices regroupés en cinq grandes catégories fondamentales.
Chaque indice est noté sur une échelle allant de 0 (moins libre) à 10 points (plus libre). Les notes sont ensuite agrégées pour dégager une valeur pour chacune des cinq catégories. Le score global de chaque pays, qui va lui aussi de 0 à 10 points, correspond à la moyenne des notes des différentes catégories.
Les cinq catégories d’évaluation incluent :
- La taille de l’État : Cette catégorie mesure notamment le taux d’imposition sur le revenu, la propriété publique des actifs et les investissements publics.
- Le système juridique et les droits de la propriété privée : L’indépendance de la justice, l’ingérence militaire et l’efficacité policière sont des critères clés.
- La solidité monétaire : On évalue ici la croissance de la masse monétaire, l’inflation et les comptes en devises étrangères.
- La liberté du commerce extérieur : Le taux moyen des droits de douane et les contrôles sur la circulation des capitaux et des personnes sont examinés.
- La réglementation : Cela couvre la propriété des banques, le contrôle des taux d’intérêt et la réglementation du travail.
L’Algérie : Un score catastrophique
Le classement 2025 positionne l’Algérie à un niveau désastreux. Avec son 162e rang mondial, l’Algérie figure parmi les pays les moins libres économiquement de la planète. En Afrique, seuls le Soudan (163e) et le Zimbabwe (164e) obtiennent de moins bons résultats. Le pays se trouve également derrière le Tchad (156e) et la Libye (157e).
Ce constat met en lumière un profond décalage. Le discours officiel plaide pour l’encouragement de l’investissement et de l’innovation. Cependant, le classement révèle l’incapacité du pays à fournir un climat des affaires propice. Le dirigisme étatique, avec une lourdeur réglementaire et des incertitudes juridiques, freine l’initiative privée. La transformation vers une économie de la connaissance devient ainsi une ambition difficile à concrétiser.
Les champions de la liberté économique en Afrique et au Monde
En comparaison, une pincée de pays africains brillent pour leur approche libérale. La République de Maurice reste le pays le plus « économiquement libre » en Afrique. Maurice occupe le 21e rang mondial, avec un score de 7,76 points. L’État insulaire de l’Océan indien réalise d’excellentes performances sur les volets de la liberté du commerce extérieur et de la solidité monétaire.
Les Seychelles (31e rang mondial, 7,58 points) arrivent en deuxième position africaine, devant le Cap-Vert (44e). Le Botswana, l’Ouganda, le Kenya et l’Afrique du Sud complètent le Top 8. Même le Maroc et la Namibie ferment le Top 10 africain au 94e rang mondial.
Rang Afrique | Pays | Rang Mondial |
1 | Maurice | 21e |
2 | Seychelles | 31e |
3 | Cap-Vert | 44e |
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À l’échelle mondiale, la liberté économique est synonyme de prospérité. Hong-Kong reste l’économie la plus libre avec un score de 8,85 points, devant Singapour, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et les États-Unis. Le rapport confirme une corrélation forte : les pays les plus libres affichent un taux de croissance du PIB et un niveau de revenu moyen significativement plus élevés. Les agents économiques sont plus efficaces lorsqu’ils disposent d’un droit à l’initiative. Ils sont motivés pour entreprendre, travailler et épargner.
Conclusion : Un impératif de réformes pour l’Algérie
L’alarmant classement de l’Algérie est un signal d’alarme. Il exige des réformes structurelles profondes. Le pays ne peut plus ignorer la nécessité d’assouplir la réglementation, de garantir les droits de propriété et de réduire la taille de l’État dans l’économie. Ces mesures sont indispensables. Elles permettront de créer ce climat des affaires favorable, essentiel pour attirer les investissements et soutenir la diversification économique. Sans un changement de cap radical, l’Algérie restera figée au bas du classement mondial.