La Banque centrale de Libye vient d’annoncer, une dévaluation de 13,3 % du dinar libyen, fixant désormais le taux de change officiel à 5,57 dinars pour un dollar américain. Cette décision intervient dans un contexte économique tendu, marqué par une envolée des dépenses publiques, un creusement du déficit en devises et des tensions politiques persistantes entre l’Est et l’Ouest du pays.
Selon le gouverneur de la Banque, Naji Issa, cité par ds médias libyens, cette mesure vise à préserver l’équilibre économique face à l’absence de coordination budgétaire entre les deux gouvernements rivaux. Il a mis en garde contre les dépenses publiques excessives, estimées à 224 milliards de dinars pour 2024, alors que les recettes ne devraient atteindre que 136 milliards, générant une demande de devises étrangères de 36 milliards de dollars.
Les recettes pétrolières – principale source de devises pour la Libye – sont également en déclin. Elles ont chuté à 18,6 milliards de dollars, tandis que les dépenses ont grimpé à 27 milliards, créant une pression accrue sur la monnaie nationale. Au premier trimestre 2025, le pays a enregistré un déficit en devises de 4,6 milliards de dollars, conséquence d’une demande (9,8 milliards) largement supérieure aux recettes (5,2 milliards).
La situation est jugée « alarmante » par le gouverneur, qui a souligné que la masse monétaire pourrait atteindre 178 milliards de dinars si les doubles dépenses se poursuivent. La dette publique, quant à elle, s’élève déjà à 270 milliards de dinars et pourrait grimper à 330 milliards d’ici fin 2025.
Pour tenter de stabiliser la situation, la Banque centrale a dû puiser dans ses réserves de change, tout en réaffirmant que 94 milliards de dollars d’actifs étrangers sont encore disponibles, dont 84 milliards gérés par l’institution.
Enfin, sur le marché parallèle, le dinar a chuté à 17,11 pour un dollar, un écart considérable par rapport au taux officiel fixé à 4,83, aggravant les inquiétudes quant à la stabilité économique du pays.
Le gouverneur a appelé à l’unification du budget national et à la fin des divisions politiques, condition essentielle, selon lui, pour restaurer la confiance et éviter un effondrement économique.