Alors que les violences se calment temporairement à Tripoli, la légitimité du pouvoir en place est remise en question par les institutions et par la rue. Des centaines de manifestants libyens ont, appelé vendredi 16 mai 2025 à la destitution du Premier ministre reconnu internationalement, Abdulhamid Dbeibah, tandis qu’au moins trois ministres ont démissionné en signe de solidarité avec les protestataires.
En effet, une manifestation de colère a eu lieu vendredi sur la place des Martyrs, en plein centre de la capitale libyenne, Tripoli, en réaction aux affrontements armés survenus lundi 12 mai 2025, soir, rapporte l’agence de presse libyenne.
Dans la soirée du vendredi, des sources médiatiques ont fait état de la démission de plusieurs ministres et vice-ministres du Gouvernement d’union nationale (GUN) libyen, dirigé par Dbeibah, suite aux violences qu’a connues la capitale cette semaine. « Parmi les démissions annoncées figurent celles de : Badr Al-Din Al-Toumi, ministre des Administrations locales, Abou Bakr Al-Ghaoui, ministre du Logement, Ramadan Boujnah, vice-Premier ministre et ministre de la Santé (suspendu pour enquête avril 2025), et Mohamed Al-Houeij, ministre de l’Économie » rapportent plusieurs médias internationaux.
Selon la même source, les manifestants se sont rassemblés sur la place des Martyrs à Tripoli, scandant des slogans tels que « Le peuple veut renverser le gouvernement » et « Nous voulons des élections. ». Ils ont ensuite marché vers le principal bâtiment gouvernemental situé au centre-ville.
De son côté, le gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli a annoncé dans un communiqué « la mort d’un policier pris pour cible alors qu’il sécurisait le bâtiment du cabinet du Premier ministre ». « Il a été abattu par des inconnus et a succombé à ses blessures », selon le communiqué. L’exécutif a dit avoir « déjoué une tentative d’assaut du bâtiment menée par un groupe mêlé à des manifestants », qui a tenté d’y mettre le feu avec des cocktails molotov.
La série d’événements a débuté dans la soirée du lundi 12 mai 2025, suite à la mort, d’Abdelghani « Gheniwa » el-Kikli, chef du puissant groupe armé SSA (Autorité de soutien à la stabilité), tué lors d’une embuscade dans une caserne de la Brigade 444, fidèle au gouvernement.
Les partisans du SSA ont averti dans un communiqué jeudi que la mort de leur chef ne fait qu’ancrer (leur) détermination à poursuivre sans relâche les personnes impliquées où qu’elles se trouvent.
Plus d’une décennie après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye peine encore à retrouver son unité et sa stabilité. Malgré les efforts de paix et les médiations internationales, le pays reste tiraillé entre rivalités politiques et intérêts régionaux, laissant sa population dans une incertitude persistante.