Depuis que l’Algérie a rouvert ses portes aux voitures de moins de 3 ans en février 2023, le secteur des assurances connaît un véritable rebond. Cette bouffée d’air pour le marché automobile a entraîné dans son sillage toute une économie, où les assureurs figurent parmi les grands gagnants.
C’est un décret qui a tout changé. Le 22 février 2023, la publication du texte n°23-74 au Journal officiel a permis aux Algériens de recommencer à importer des véhicules d’occasion, à condition qu’ils aient moins de 3 ans au compteur. Une mesure attendue qui permet à chaque résident d’importer une voiture pour son usage personnel tous les trois ans.
Le texte encadre précisément les types de véhicules autorisés à l’importation : uniquement ceux à motorisation essence, hybride (essence-électrique) ou électrique, excluant totalement les motorisations diesel. Ces véhicules doivent être en bon état de marche et respecter les normes de sécurité et environnementales en vigueur dans le pays.
Le succès ne s’est pas fait attendre. Entre janvier et août 2024, plus de 26 000 véhicules ont franchi la frontière, soit 2,5 fois plus que l’année précédente à la même période. Un engouement qui traduit le besoin des Algériens de trouver une alternative aux voitures neuves locales, souvent inaccessibles pour beaucoup de bourses.
Un effet dopant sur le secteur des assurances
Les chiffres publiés récemment par le Conseil National des Assurances (CNA) pour l’année 2024 démontrent l’impact substantiel de cette politique sur le secteur assurantiel. Le chiffre d’affaires global a atteint 181,3 milliards de dinars algériens, en progression de 4,4% par rapport à 2023.
Mais c’est l’automobile qui crève l’écran. Avec 71,2 milliards de dinars et une croissance de 7,2% (alors qu’elle n’était que de 1,6% en 2023), cette branche pèse maintenant près de la moitié du marché des assurances de dommages.
Le premier semestre 2024 confirme cette dynamique avec une progression de 6,4% pour l’automobile. Les risques non obligatoires grimpent même de 7,4%, preuve que les propriétaires de ces nouvelles voitures ne lésinent pas sur leur protection. Selon le CNA, l’importation de ces véhicules a généré à elle seule une production additionnelle dépassant les 2 milliards de dinars pour les assureurs.
Des clients qui veulent du “plus”
Les heureux propriétaires de véhicules fraîchement importés ne se contentent pas du minimum. Ayant investi dans des voitures plus récentes et souvent mieux équipées que l’offre locale, ils cherchent naturellement à protéger leur investissement.
Cette tendance se reflète dans les chiffres : les garanties facultatives représentent désormais près de 80% de la production automobile des assurances. Le plafonnement des réductions tarifaires à 50% a également permis aux compagnies de maintenir des marges correctes, transformant ces nouveaux assurés en clients particulièrement rentables.
Un cadre réglementaire qui s’ajuste
Comme souvent en Algérie, le succès appelle la régulation. Depuis le 1er octobre 2024, les autorités ont temporairement suspendu la délivrance des cartes grises pour ces véhicules importés, histoire de renforcer les contrôles. Et à partir de janvier 2025, il est interdit de revendre ces voitures avant trois ans, sauf à rembourser les avantages fiscaux obtenus.
Ces mesures visent à combattre la spéculation mais ne remettent pas en question le principe même de l’importation, qui continue son petit bonhomme de chemin.
Au vu de ce qui précède, avec 15,4 millions de contrats en 2024 (en hausse de 1,1%), le marché de l’assurance semble avoir trouvé un nouveau moteur de croissance. Les assurances de dommages ont progressé de 2,9% à 150,4 milliards de dinars, tandis que les assurances de personnes grimpaient de 3,2% à 20,1 milliards.
Et même si le rythme des importations venait à ralentir, les véhicules déjà présents sur le territoire continueront d’alimenter le secteur des assurances dans les années à venir. Finalement, la décision de 2023 aura eu un impact bien plus large qu’espéré initialement.
Cette mesure d’importation automobile aura ainsi contribué à revitaliser un segment important de l’économie nationale. Les assureurs, qui traversaient une période relativement difficile ces dernières années, bénéficient de cette nouvelle dynamique. Comme quoi, parfois, il suffit de débloquer un marché pour en voir fleurir un autre.